Le secrétaire général du FLN connaît par cœur sa tâche et l'accomplit froidement. Il agit comme le paravent d'un régime qui a échoué en tout, panique et sort de la bienséance qu'exige la morale politique. Par ce qu'il a débité comme insultes contre la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune qu'il l'a traitée «de poule qui ne pond pas et d'agent des Services», comme attaques hallucinantes contre l'ex-patron du DRS, Mohamed Mediène dit Toufik qu'il voit derrière toutes les initiatives de l'opposition et du groupe dit des 19+5, et comme contrevérités sur la gestion de Chakib Khelil qu'il a innocenté dans plusieurs de ses déclarations ces dernières semaines, le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Amar Saadani, est incontestablement le visage le plus hideux de la misère politique algérienne. C'est l'expression la plus vulgaire de la délinquance politique qui a fini par s'installer au pouvoir. Mais peut-on l'imaginer autrement que ce qu'il est en réalité : misogyne, léger, violent et aussi prédisposé à l'invective qu'à l'argument ? Peut-on attendre autre chose d'un personnage qui a vécu sa déperdition scolaire comme un complexe au point d'arracher par la force son diplôme en sciences politiques ? C'est l'ancien responsable de l'institut, Mohamed Hennad lui-même, qui l'avait dénoncé dans une tribune publiée par le journal El Watan en novembre 2013. Amar Saadani était président de l'Assemblée populaire nationale (APN). «A cette époque-là, non seulement il s'est permis une inscription à la faculté des sciences politiques d'Alger, mais a aussi tenté de réussir ses modules à sa manière, c'est-à-dire avec des ‘examens VIP' conçus spécialement pour lui. Evidemment, j'ai assumé mes responsabilités en tant que professeur à ladite faculté et envoyé des lettres de dénonciation au président de la République ainsi qu'à trois chefs de groupe parlementaire», avait raconté le professeur. Les déclarations incongrues, déplacées et insultantes de Amar Saadani qui a eu, comme d'habitude, un temps d'antenne considérable au JT de 20 heures, avant-hier, se seraient passées de tout commentaire s'il n'était pas à la tête d'un parti qui dicte sa loi au pays et s'il n'avait pas commis cette lourde méprise à l'égard d'une femme politique et des citoyens algériens qu'il prend pour des ignares. Faut-il lui rappeler certaines vérités, lui qui excelle dans la bêtise et le mensonge ? Pour l'histoire. Qu'a fait ou dit Amar Saadani pour défendre la cause des cadres du secteur public — quelque 3000 et non pas 6000 comme il l'a déclaré — jetés en prison par l'ancien chef de gouvernement Ahmed Ouyahia ? Rien. Car celui qui allait devenir, fin 2004, par la grâce du président Abdelaziz Bouteflika, président de l'APN, n'était pas encore sorti du néant politique avant que le président Bouteflika ne lui trouve un rôle qui lui sied bien. D'ailleurs, ceux qui essaient de dissocier l'ascension politique de l'un (Amar Saadani) de la volonté de l'autre (Abdelaziz Bouteflika) d'abaisser l'institution parlementaire en nommant à sa tête un piètre élu de l'ex-parti unique, se trompent lourdement ou se moquent de l'intelligence des Algériens. Sans la généreuse promotion accordée par le chef de l'Etat, il n'aurait jamais été ce qu'il est devenu aujourd'hui : une monstrueuse excroissance de la dégoûtante pratique politique en vigueur depuis plus d'une décade. Amar Saadani est indéniablement au centre du pouvoir et n'hésite point a en jouir. Il en abuse même et s'autorise tout. Il est impensable que de telles dérives n'aient pas la caution des tenants du pouvoir. Le secrétaire général du FLN connaît par cœur la tâche pour laquelle il est destiné et l'accomplit froidement. Il agit comme un paravent d'un régime qui a échoué en tout, panique et sort de la bienséance qu'exige la morale politique. Le responsable du FLN voit des complots partout. Il pense que c'est l'ancien patron du DRS qui se cache derrière les initiatives politiques de l'opposition et la démarche des personnalités qui ont demandé audience au locataire du palais d'El Mouradia. Il considère aussi que réhabiliter l'ancien ministre de l'Energie des Mines, Chakib Khelil — recherché par la justice algérienne avant que le mandat d'arrêt lancé contre lui ne soit annulé en raison d'un prétendu vice de forme — équivaudrait du coup la réhabilitation du régime dans sa globalité. Pour ce faire, Saadani est visiblement prêt à assumer tous les mensonges et les contradictions qu'il sert à l'opinion publique. En effet, on ne sait pas comment «Louisa Hanoune a fait perdre à Sonatrach 50% en s'attaquant à Temmar (ancien ministre de l'Industrie) et à Khelil». L'ancien président de l'APN qui, selon des témoins, a été plusieurs fois la risée des diplomates étrangers, est capable de dire des énormités. Il nous apprend ainsi que Chakib Khelil, «le plus intègre et le meilleur ministre que l'Algérie ait connu depuis l'indépendance», a fait gagner au pays 1500 milliards de dollars. Si c'est vrai, où est passé tout cet argent ? Le secrétaire général de l'ex-parti unique, arrivé aux postes de responsabilité qu'il occupe et qu'il a eus à exercer grâce à l'intrigue et à la faveur du coup de force pour imposer le quatrième mandat de Abdelaziz Bouteflika, devrait forcément le savoir. Mais comme il pense que le pouvoir le dispense de la nécessité de donner des arguments à ses assertions, le patron du FLN ajoute une de violence à son discours. D'aucuns savent aujourd'hui que n'était le soutien dont il bénéficie au sommet de l'Etat, celui du Président lui-même ou de ses proches collaborateurs, Saïd Bouteflika entre autres, Amar Saadani n'aurait jamais tenu des propos aussi graves et dangereux ni à l'égard de la responsable du PT qu'il livre à la vindicte populaire en laissant comprendre qu'elle n'est pas musulmane ni à l'encontre de l'ancien patron du DRS qu'il accuse, entre autres, d'avoir trafiqué des élections.