Les représentants des Parlements de Tripoli et de Tobrouk se sont rencontrés, hier à Tunis, sans la présence d'un médiateur étranger. Les pressions exercées par la communauté internationale sur les différents belligérants en Libye, afin qu'ils s'entendent très vite sur la composition d'un gouvernement d'union, semblent avoir payé. C'est ainsi que contre toute attente, le président du Conseil général national (CGN), Ibrahim Fethi Amiche, et le président du Parlement à Tobrouk, Awadh Mohamed Abdesadek, ainsi que les membres de ces institutions ont signé, hier, dans la banlieue nord de Tunis une déclaration de principe pour «un accord national pour résoudre la crise libyenne», a indiqué l'agence de presse tunisienne TAP. Ce qui est étonnant est que la réunion entre les deux parties, la première du genre, s'est déroulée sans médiateur étranger. Mais ce qui est encore plus étonnant est que cette annonce intervient alors que les discussions étaient au point mort entre les deux camps, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, ayant même déclaré il y a quelques jours qu'il n'y avait «pas d'échéance» pour la formation d'un gouvernement d'union nationale en Libye. Qu'est ce qui a bien pu se passer entre-temps ? La menace Daech a certainement dû peser sur la décision des «politiques» libyens d'arrêter de pinailler sur les détails et de tourner la page de la guerre civile. C'est du moins ce qu'il faut souhaiter… pour le bien des Libyens qui sont en train de payer très lourdement la facture des luttes intestines entre Tripoli et Tobrouk. Globalement, la déclaration de principe signée à Tunis comporterait trois principes de base, dont le plus important porte sur la formation d'une commission de 10 députés qui aura pour mission de nommer le chef du gouvernement de consensus national. Mais la communauté internationale ne pourra valablement pousser un soupir de soulagement que lorsque les composantes des deux Parlements rivaux auront ratifié le texte adopté à Tunis. Après, il faudra espérer aussi qu'aucune milice armée (et elles sont très nombreuses en Libye) ne le remette en cause. Ceci pour dire que rien n'est encore définitivement gagné. Au lendemain de la rencontre des pays voisins de la Libye, qui s'est déroulée la semaine dernière à Alger et au cours de laquelle les parties libyennes en conflit ont été une nouvelle fois invitées à dépasser leurs rivalités pour le bien de la Libye et de la région, l'émissaire des Nations unies, Martin Kobler, s'était dit convaincu que les différends pouvaient être aplanis et qu'un accord était possible à moyen terme. Pas loin que samedi, il a annoncé encore qu'un accord pour la formation d'un gouvernement d'union nationale pourrait probablement être signé dans un mois. «Les factions rivales libyennes pourraient signer, dans les semaines à venir, un accord pour la formation d'un gouvernement d'union nationale, dont l'entrée en fonction s'effectuera hors Tripoli, en attendant de régler la question sécuritaire dans la capitale», a-t-il affirmé. «La division du pays (Libye, ndlr) n'arrange aucune partie surtout avec l'avancée de Daech», a souligné également M. Kobler, rappelant que la lutte anti-Daech menée actuellement par la communauté internationale en Syrie a «poussé ce groupe terroriste à s'implanter en Libye». L'annonce des représentants des Parlements de Tobrouk et de Tripoli intervient, rappelle-t-on, à quelques jours de la tenue d'une réunion internationale sur le conflit libyen à Rome.