Le nouvel émissaire de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, s'est rendu pour la première fois en Libye pour convaincre les deux parties en conflit de l'urgence et de la nécessité de former un gouvernement d'union nationale, ont rapporté des médias. Livré aux milices après la chute du régime de Mâammar El Gueddafi en 2011, le pays compte deux gouvernements se disputant le pouvoir mais est aussi le théâtre de violents combats entre différents groupes armés. M. Kobler s'est rendu samedi à Tobrouk, dans l'est du pays, où siège le Parlement reconnu par la communauté internationale puis dimanche à Tripoli où il a rencontré des responsables du Congrès général national (CGN). Face aux deux parties rivales, il a tenu à rappeler que sa mission s'inscrivait dans la continuité de celle de son prédécesseur, Bernardino Léon, et que les objectifs restaient les mêmes: la ratification de l'accord politique par toutes les parties et la formation d'un gouvernement d'union nationale. Au terme de près d'une année de négociations, M. Léon était parvenu début octobre à arracher un accord sur un gouvernement d'union, mais il a ensuite été rejeté par les deux Parlements. "Je ne changerai aucun mot dans le texte de l'accord mais il est possible de tenir une réunion pour évoquer les problèmes en suspens", a déclaré M. Kobler. M. Kobler a mis l'accent sur "l'urgence" de la situation. "Plus on attend, plus profonde sera la division", a-t-il souligné, rappelant les deux parties à leur responsabilité dans un pays en proie au chaos depuis près de cinq ans. "En plus de l'expansion de l'organisation (terroriste autoproclamée) Etat islamique (EI/Daech) dans certaines régions du pays, la Libye qui produisait 1.6 millions de barils par jour a vu sa production (pétrolière) chuter à 300.000 b/j", a-t-il ajouté. Profitant de l'anarchie, l'EI, qui contrôle déjà de vastes pans de territoire en Irak et en Syrie, s'est notamment emparé en juin de la ville de Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli. En l'espace de quelques semaines, Daech a revendiqué le crash d'un Airbus russe dans le Sinaï égyptien et des attaques meurtrières à Beyrouth et à Paris. Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a exhorté dimanche les factions libyennes rivales à aboutir à un accord, seul rempart contre une victoire de l'EI.