La Tunisie a été hier le théâtre d'un inattendu accord entre les représentants des deux parties libyennes en conflit, en l'occurrence le Congrès général national, non reconnu, et le Parlement de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale. En effet, contre toute attente, Awad Mohammed Abdoul-Sadiq, vice-président du Parlement de Tripoli, non reconnu par la communauté internationale, a déclaré à l'issue de discussions entre des représentants des deux Parlements rivaux à Gammarth dans la banlieue de Tunis : "C'est un moment historique que les Libyens attendaient, que les Arabes attendaient, et que le monde attendait", pour annoncer cet accord. Selon lui, il s'agit d'une "occasion historique qui ne se représentera pas une seconde fois". "Nous invitons tous les pays voisins (...) mais également la communauté internationale à soutenir cet accord (...) qui rendra la région plus sûre", a souligné le vice-président du Parlement de Tripoli, le Congrès général national (CGN). Ainsi, les représentants des deux parties libyennes ont annoncé hier en Tunisie être parvenus à un accord politique, qui devra être approuvé par les deux Parlements, pour mettre fin au conflit qui ravage le pays. Cet accord comporte trois principes de base dont le plus important, la formation d'une commission de 10 députés qui aura pour mission de nommer le chef du gouvernement de consensus national et de deux députés, l'un du parlement et l'autre du CGN, a rapporté hier le site de la radio tunisienne Shemsfm. Reste à savoir si l'annonce de l'accord avait été avalisée par les autorités des deux parties en Libye. Ce qui surprend le plus dans cette annonce, c'est qu'elle intervient alors que les discussions étaient au point mort entre les deux camps. Pour rappel, le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait estimé fin novembre qu'il n'y avait "pas d'échéance" pour la formation d'un gouvernement d'union nationale en Libye. Par plus tard que la veille, l'émissaire des Nations unies, Martin Kobler, a indiqué que les parties rivales libyennes pourraient probablement signer dans un mois un accord pour la formation d'un gouvernement d'union nationale. "Les factions rivales libyennes pourraient signer, dans les semaines à venir, un accord pour la formation d'un gouvernement d'union nationale, dont l'entrée en fonction s'effectuera hors Tripoli, en attendant de régler la question sécuritaire dans la capitale", a affirmé M. Kobler. "La crise en Libye fait l'unanimité au sein de la communauté internationale", a souligné l'émissaire à l'issue d'une rencontre qui l'a réuni avec le président du Conseil de représentants (Parlement libyen reconnu par la communauté internationale et basé à Tobrouk), Akila Saleh Kouider. Au terme de près d'une année de négociations, l'ex-émissaire de l'ONU pour la Libye, Bernardino Leon, était parvenu début octobre à arracher un accord sur un gouvernement d'union nationale aux représentants des parties, mais il a été ensuite rejeté par les deux parlements. M.T.