La localité d'Aït Aïssi, à Yakouren, a été marquée par l'opération héroïque menée par les combattants de l'ALN contre un camp militaire français, le 29 juin 1960. Le collectif de la jeunesse et des notables du village Aït Aïssi, dans la commune de Yakourène, et à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Tizi Ouzou, font un grand travail de mémoire et d'histoire afin de recueillir des témoignages et autres documents susceptibles de revisiter la guerre de Libération nationale. Leur travail consiste, entre autres, à remettre au goût du jour des moments de guerre durant la lutte de libération. Les initiateurs du collectif ont réussi, au bout de plusieurs mois, voire des années, de recherches, à identifier deux déserteurs de l'armée française ayant combattu aux côtés des moudjahidine de la région contre le colonialisme. Il s'agit de Gouasmi Mansour, alias El Yasmine, originaire de Oued Aneb, dans la wilaya d'Annaba, qui était à Aït Aissi depuis le 12 septembre 1956. Appelé de la classe 59/I/A, il avait été incorporé au 503e R.C.C., à Mourmelon, le 27 mars 1959, et Daïri Slimane, natif de Sidi Bel Abbès, appelé de la classe 52/2/A. Il avait été incorporé au 2e régiment de hussards à Orléans, le 1er septembre 1958. Les deux défunts avaient, avec les maquisards de la région, Kecili Belaïd, Kasdi Saïd et Ali Gasmi, dit Ali Boulkhou, El Hadj Hand Oubalkacem, Mohand Saïd Benkaci, connu sous le nom de guerre Capitane Rouget, Mohamed Cherif Chaïb, Ahmed Belhocine, planifié une grande offensive contre le deuxième campement militaire français d'Aït Aïssi bas, durant la nuit du 29 juin 1960. Il faut rappeler que cette caserne était composée de 26 éléments, qui travaillaient sous le commandement du maréchal des logis Michel Oudot. Lors de cette attaque, trois soldats français ont été tués, alors que les moudjahidine se sont emparés d'un important lot d'armes (01 FM. Bar, 1 lance grenades et 6 grenades, 25 chargeurs, 3 fusils Garants et 9 chargeurs, 5 P.M. Mat 49 et 9 chargeurs, 1 P.M et 2 chargeurs). Toutefois, Gouasmi Mansour, dit El Yasmine et Slimane Daïri seront tués trois jours plus tard après une vaste opération militaire enclenchée le lendemain de l'assaut des moudjahidine. Dans un documentaire réalisé par Abdelghani Irchene, enseignant-chercheur à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou et Chafia Benarab, diffusé sur la chaîne TV4 de la Télévision nationale, on peut nettement remarquer l'héroïsme des éléments qui ont préparé et exécuté l'attaque d'Aït Aïssi, appelée communément «L'offensive de la liberté». Les témoignages d'anciens maquisards, encore en vie, à l'image de Chaïb Mohamed Cherif, montrent clairement la solidarité et la cohésion des citoyens de la région qui se sont manifestés comme un seul homme contre le joug colonial. Même les femmes ont grandement contribué dans cette opération dont les préparatifs ont duré, selon des témoignages recueillis, plus de six mois. Ainsi, les premières personnes ayant réussi à établir le contact avec les militaires déserteurs sont Djouhra Kanoune, Kecili Ouardia, Chemame Ferroudja et Haddad Ouiza qui ont abouti à la planification minutieuse de l'opération qui a mûri au bout de plusieurs jours de préparation. Ces femmes ont servi de trait d'union entre El Yasmine, Slimane Daïri et les moudjahidine.