Le budget de 2016 du royaume saoudien prévoit un déficit de 87 milliards de dollars. L'effondrement des prix du pétrole impacte lourdement les économies des pays producteurs, dont l'Arabie Saoudite qui annonce un déficit budgétaire record de 98 milliards de dollars en 2015. Des difficultés qui renseignent sur la gravité de la crise, qui après avoir lourdement affecté les petits pays exportateurs, atteint le plus gros producteur mondial de pétrole, instigateur de la politique de défense des parts de marché au détriment des prix qui ont perdu plus de 60% de leur valeur depuis une année et demie. La plus riche monarchie du Golfe se retrouve quasiment prise au piège de sa propre stratégie. Elle envisage d'ores et déjà des restrictions budgétaires en prévoyant, pour 2016, un budget largement déficitaire pour la troisième année consécutive et une révision des subventions des prix des produits énergétiques afin de faire face à la perte d'une importante partie de ses revenus pétroliers. Le gouvernement saoudien a ainsi annoncé hier qu'il allait reconsidérer les prix de l'électricité, de l'eau et des produits pétroliers, largement subventionnés dans le royaume, dans le cadre de mesures d'austérité face à l'effondrement des cours du brut. Dans son budget de 2016, qui prévoit un déficit de 87 milliards de dollars, le royaume saoudien entend aussi augmenter les taxes sur les services, en imposer de nouvelles et finaliser les «dispositions nécessaires pour l'introduction d'une TVA» en coordination avec les autres monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Les revenus de l'Arabie Saoudite — dont les recettes pétrolières représentent plus de 90% des revenus — ont été estimés à 162 milliards de dollars, en 2015, bien en dessous des projections pour cette année et des revenus de 2014, alors que les dépenses se sont élevées à 260 milliards de dollars, ont précisé, hier, des responsables saoudiens lors d'une conférence de presse à Riyad. Il est à rappeler que les prix du pétrole, qui ont perdu plus de 60% de leur valeur depuis l'été 2014, ont connu la semaine dernière une nouvelle baisse historique en chutant à leur plus bas niveau depuis 2004, avant de remonter quelque peu, oscillant entre 36 et 37 dollars le baril. Selon les analystes du marché, le brent est sur le point de finir l'année 2015 à son niveau moyen annuel le plus faible depuis 11 ans, portant un coup aux compagnies pétrolières et aux pays exportateurs d'or noir. Hier, le prix du baril de brent de la mer du Nord, échangé à Londres, est tombé à 36,04 dollars, son niveau le plus faible depuis juillet 2004, et celui du light sweet crude (WTI) new-yorkais à 33,98 dollars, au plus bas depuis février 2009, ce qui représente une chute d'environ 68% depuis 2014. Dans l'ensemble, les cours du brut restaient sous la pression d'une offre surabondante, avec la perspective du grand retour de l'Iran sur le marché, et d'une demande mondiale qui reste terne.