Un arrêté ministériel datant de 2000 classe les passages à niveau et précise les critères pour les installer, comme la fréquence de la circulation. Le trafic ferroviaire a repris hier après un arrêt de quatre jours de grève des mécaniciens de la SNTF. Le débrayage, décidé par les conducteurs suite au décès de leur collègue sur un passage à niveau non gardé à Akbou (Béjaïa), a été suspendu suite à l'accord conclu entre la direction et la commission provisoire de la Fédération nationale des cheminots. Le protocole d'accord signé le 2 janvier avec le syndicat maison a porté sur la sécurité du personnel de la SNTF, alors que les grévistes ont présenté une plateforme de revendications dénonçant la situation socioprofessionnelle des cheminots. La décision a été prise, nous apprend-on, de renvoyer la prise en charge des autres points en litige aux négociations sur la convention collective. «Les négociations ont porté particulièrement sur les revendications liées à la sécurisation des lignes, aux enquêtes à mener après les accidents et sur la prise en charge psychologique des victimes. Des spécialistes assumeront, par exemple, les exigences engendrées par l'accident du point de vue de la médecine du travail. Les autres points évoqués dans la plateforme seront pris en charge dans le cadre de la convention collective qui sera discutée dans les prochains jours», nous a confié Aktouche Abdelouahab, assistant du directeur général. Suppression de 90 passages à niveau Sur le réseau national de 3840 km, il existe 1500 passages à niveau, dont une bonne partie ne sont pas gardés. Sur la ligne reliant Beni Mansour à Béjaïa, où s'est produit l'accident mortel de mardi dernier, 80 passages à niveau sont non gardés. Selon un bilan de la SNTF arrêté au 30 novembre 2015, le nombre des accidents sur les passages non gardés sont de 66, dont sept mortels, contre 70 en 2014. Une quarantaine de blessés ont été également recensés durant l'année 2015 sur ces passages non gardés. La SNTF a décidé de prendre des mesures pour sécuriser le trafic et éviter ces accidents parfois mortels. «Nous avons deux options. La première implique la suppression graduelle des passages à niveau jugés accidentogènes par l'aménagement de passages inférieurs ou supérieurs. Au moins 92 sont en cours d'étude. Il y a une seconde option : l'Anesrif réalise ses nouvelles lignes sans passage à niveau. Cela aura l'avantage de nous permettre d'aller vers des vitesses de 120 km/h et plus. La loi nous interdit de dépasser cette vitesse sur les lignes avec des passages à niveau», précise M. Aktouche. La SNTF sensibilise également sur les dangers des accidents à travers des journées portes ouvertes dans ses gares ou dans les écoles des localités traversées par les trains. Selon Mme Dib, chargée de la communication de la société, des actions ont été menées l'année dernière à Blida et Alger et le seront cette année aussi à Constantine et Oran. «Les accidents sont liés au non-respect du code de la route. Les citoyens, les collectivités locales et les services de la gendarmerie doivent aussi s'impliquer. Il est impossible de faire garder tous les passages à niveau. Un arrêté ministériel de 2000 classe ces passages et précise les critères pour les installer comme la fréquence de la circulation. Il faut 5 agents par poste, soit 7500 pour tout le réseau. Il nous est impossible d'atteindre ce chiffre», estime l'assistant du directeur général, qui regrette un «environnement hostile» qui agresse le domaine public ferroviaire (jets de pierre, dégradations, etc.). Le débrayage de quatre jours des cheminots a provoqué des pertes estimées à 40 millions de dinars.