Très discrète, Sihem Satouh préfère travailler en solitaire. Son appareil photographique en bandoulière, elle n'arrête plus de voguer de ville en ville, de pays en pays, à la recherche de perles rares à immortaliser à travers son objectif. C'est pratiquement l'une des rares jeunes photographes locaux à démontrer ce petit plus qui fait généralement les artistes. A exprimer aussi une grande soif d'apprendre sans faire trop de vague et sans se prendre au sérieux. «J'ai eu mon premier appareil photographique en 1994. A l'époque, je nourrissais une grande passion pour la photo sportive. En 2009, j'ai réussi à avoir mon diplôme en photojournalisme à l'école de Kouba. Entre-temps, j'ai travaillé comme photographe de fêtes et j'ai assuré plusieurs couvertures d'évènements locaux et nationaux», raconte Sihem. Durant toute cette période de balbutiements, Sihem ne cessera de cultiver, inconsciemment peut-être, son talent. En 2008, elle remporte le premier prix d'un concours organisé à Salah Bouchaour, sa ville natale. Ce sera le déclic qui la débridera et elle part alors à la recherche de nouvelles découvertes. Elle sillonne plusieurs pays du Golfe arabique. «C'était par curiosité et parce que je voulais apprendre et me perfectionner», raconte Sihem. «Quand je suis rentrée au pays, et remarquant ma passion pour la photo du patrimoine, on m'a conseillé de faire un reportage sur les mosquées et autres Zaouias du pays. J'ai repris mon périple pour visiter Tolga, Boussaâda, la Casbah, Tlemcen, Mila…où j'ai eu le plaisir de visiter tant et tant de mosquées et de mausolées. Le résultat est là devant vos yeux». Le résultat dont parle la jeune photographe est une belle exposition, tenue au Palais de la culture. Intitulée «la photo spirituelle», l'exposition comprend 26 œuvres. Certaines photos s'assimilent à d'authentiques toiles. L'auteure, qui a eu le mérite d'éviter les platitudes, a démontré une grande dextérité et a réussi surtout à jouer avec la lumière. Balançant de la couleur au monochrome, Sihem attire vite le regard par des disparités de tonalités et de rendu très douces, accentuant ainsi la valeur artistique de ses photos. Mais Sihem se refuse toute autosatisfaction. «J'ai déjà plein de projets et de rêves. J'ai surtout envie d'apprendre encore pour faire mieux». Rien que pour cette modestie, Sihem mérite tous les encouragements. Dont acte.