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Les grossistes de Semmar font de la résistance
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Publié dans El Watan le 15 - 01 - 2016

Créé depuis plus de vingt ans, le marché des grossistes de Semmar, dans la banlieue sud d'Alger, risque d'être transféré à Boumerdès. Les commerçants refusent. Nouveau round de négociations avec le ministre du Commerce demain.
«L'Etat veut mieux organiser le marché des grossistes de Semmar qui provoque des désagréments aux résidants de Gué de Constantine et ses alentours à Alger. Il propose, en contrepartie, son transfert à Boumerdès, où mille locaux seront bâtis dans les mois à venir.» Le secrétaire général de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Salah Souilah, joint par téléphone, revient sur la rencontre du 7 janvier, avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, quand ce problème avait été débattu.
«Le Premier ministre a instruit officiellement les walis d'Alger et de Boumerdès ainsi que les autorités locales des deux wilayas pour nous trouver un terrain adéquat, explique-t-il. C'est un projet qui sera à l'image d'El Eulma, à Sétif. Le cahier des charges a été présenté au ministre du Commerce. L'objectif étant de créer une zone purement commerciale et éviter le scénario de Semmar et celui de Sétif («l'Abattoir») où les commerçants profitent des terrains distribués pour construire, à la fois, des magasins et des maisons au-dessus.»
Propriétaire
A Semmar, ex-Gué de Constantine, les véhicules s'engouffrent dans les rues étroites de cet immense marché de grossistes en agroalimentaire, où les différents produits exposés disputent la place aux piétons. Les conducteurs, eux, s'affolent et s'improvisent parfois en policiers afin de faire circuler les camions de marchandises. Les constructions, à moitié finies, toutes en R+1 minimum, donnent l'air d'être dans un grand quartier d'affaires où des marchands «à la sauvette» sont prêts à tout abandonner à la première descente des policiers.
Nous sommes au cœur de plus de 1000 magasins grossistes, un pôle économique qui alimente tout le centre du pays depuis 1994. Ici, plus de 2400 personnes sont employées à temps plein et plus de 1000 autres, des manutentionnaires, chargent et déchargent la marchandise qui arrive par flots. C'est le cas de Fahim de Meftah, qui vient chaque jour ici pour gagner entre 800 à 1000 DA/jour. Au fil des années, les commerçants ont créé une dynamique commerciale qui a enrichi, certes, les caisses de l'Etat en impôts, mais a rendu difficile la vie des résidants de ce quartier.
Pour l'Etat, la décision est claire : «Pas de marché comme celui de Semmar en plein quartier résidentiel», ce que refusent les commerçants. Mais il n'y a pas que ça, car le problème est plus compliqué que ce que pense le Premier ministre. Le représentant du bureau de l'UGCAA à Semmar, Omar Lazri, fixe les conditions d'attribution. «Les bénéficiaires seront ceux qui possèdent réellement un registre du commerce de grossiste», rappelle-t-il.
En effet, selon les chiffres du bureau de l'UGCAA de Semmar, plus de 700 commerçants répondent à cette condition. «Nous avons plus de 1000 commerçants, dont 10% ne possèdent pas de registre du commerce, à savoir entre 200 à 300 personnes», avoue-t-il. Ici, les avis sur ce changement de lieu diffèrent entre les propriétaires qui représentent 60% des commerçants et les locataires qui restent jusque-là minoritaires. Larbi, sexagénaire, propriétaire d'un des magasins, précise : «Je suis chez moi ici et je ne paye pas mon loyer. Pourquoi voulez-vous que je quitte mon domicile ?
Ce n'est pas nous qui demandons à aller ailleurs mais les locataires. Nous sommes majoritaires ici. Et si l'Etat veut que nous acceptions sa proposition, il faut qu'il nous trouve une solution au problème.» Dans la foulée, Larbi sort de son magasin et appelle les autres propriétaires. «Nos responsables sont des malades. Je suis chez moi, avec ma famille. Je travaille ici avec mes cinq enfants et je mange chez moi juste au-dessus de mon magasin. Je ne vais aller nulle part», tranche Abderrahmane, un autre commerçant propriétaire. Leur collègue, Malik, furieux, rappelle que le «plan réalisé initialement pour Semmar donnait pour caractère une zone commerciale à leur quartier».
El Harrach
Du côté des locataires, qui représentent 40% des commerçants, l'idée de transfert leur semble plus que nécessaire. Mourad vend différentes marques de café de production nationale. Au milieu des propriétaires, il semble gêné et partage, pour le moment, leur avis. Tout à coup, Mourad donne l'alerte : «Les contrôleurs, fermez vos portes !» Ici, cette pratique est courante.
«Pour fuir le fisc, les commerçants ferment tous et ne laissent personne entrer dans leurs magasins», explique Lazri. Mourad revient, cette fois-ci seul et dit tout ce qu'il pense, en l'absence des propriétaires. «Nous louons à plus de 150 000 DA/mois. De plus, les propriétaires nous obligent à payer trois années d'avance. Je ne pouvais pas vous parler devant eux sinon, ils m'auraient mis dehors juste après votre départ.
Nous subissons une vraie dictature ici, dénonce-t-il. Je serais le premier à partir si l'Etat me donne un magasin ailleurs.» Les propriétaires expliquent qu'il y a d'autres raisons qui les motivent à rester à Semmar, car ils ne font pas réellement confiance aux autorités locales. En 2012, pour en finir avec ce problème, la wilaya d'Alger avait aménagé, pour les commerçants de Semmar, un nouveau marché de 112 locaux à El Harrach sur une superficie de 5 hectares.
Fuir les impôts
Une opération qui n'a pas connu de succès. Omar Lazri revient sur les raisons de cet échec : «Les méthodes des autorités locales étaient malsaines. Elles ont mis de nouvelles plaques de signalisation interdisant l'accès aux poids lourds aux deux entrées de Semmar. L'objectif étant de tuer notre activité commerciale et d'encourager celle du nouveau marché d'El Harrach. De plus, des commerçants venus d'autres contrées que Semmar ont accaparé plusieurs locaux à la fois.
Les organisateurs de l'opération ont fait de même. Au final, il n'est resté pour nous que 25 magasins, alors que rien que le nombre des commerçants syndiqués chez nous dépasse les 440 personnes.» Mais il n'y a pas que cela. Un autre commerçant qui a requis l'anonymat énumère d'autres motivations. «Etre dans un quartier populaire comme celui-ci permet aux commerçants de fuir, à la fois, les impôts et le fisc.
Beaucoup d'entre eux n'ont pas de registre du commerce, c'est une activité illégale que l'Etat peine à organiser, confie-t-il. Certains louent carrément les registres des autres, une pratique courante dans notre métier. Donc, le fait de rester ici leur donne beaucoup d'avantages, car ils savent pertinemment que l'activité sera soumise à des règles plus rigoureuses s'ils quittent Semmar.» Interrogé sur la question, Omar Lazri explique : «En tant que syndicat, nous admettons que la majorité paye ses impôts, mais nous ne pouvons nier aussi le fait que beaucoup ne le font pas.
Quand les commerçants ferment leurs portes aux contrôleurs, c'est parce que soit ils n'ont pas de registre ou parce qu'ils veulent dissimuler les véritables ventes.» Même les habitants de Semmar sont partagés sur la question. Ali, 74 ans, résidant dans ce quartier, journal à la main, explique que si le marché est déplacé de Gué de Constantine, la commune sera de nouveau appauvrie. «Sellal fait de la politique et ne comprend rien à l'économie, lance-t-il. Notre commune est pauvre et ce sont ces commerçants qui ont élevé le niveau de vie des familles et qui remplissent les caisses de la commune en impôts. Il ne faut surtout pas le fermer mais créer davantage de marchés ailleurs.
Pourquoi pas un marché comme celui de Semmar dans chaque wilaya du pays ?» Omar Lazri expose la solution proposée par son syndicat : «Nous sommes la vitrine du produit national, car nous proposons 70% de produits locaux à nos clients. Il nous faut un marché digne de ce nom et une implication des instances publiques. Les banques doivent faciliter le transfert du liquide, sa disponibilité et doivent être plus rapides et plus fluides dans leurs opérations. Il faut assurer la sécurité dans les marchés et faciliter l'accès de l'autoroute. Que chaque magasin ait son registre du commerce, ses horaires d'ouverture et de fermeture.
De plus, il faut du temps pour concrétiser un tel projet, car si l'Etat nous l'impose aujourd'hui et tout de suite, il connaîtra certainement un autre échec.» Selon Salah Souilah, la BADR vient de se proposer pour prendre en charge la réalisation du nouveau marché de Boumerdès. «Il faut que les commerçants acceptent de rembourser la banque plus tard», explique le secrétaire général de l'UGCAA. Une rencontre est prévue par Salah Souilah avec l'ensemble des commerçants de Semmar, dans la matinée de demain. Objectif : convaincre les commerçants, trouver une solution à ceux qui travaillent dans l'informel et clore définitivement ce dossier qui perdure depuis plus de vingt ans.


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