Semmar, ce quartier à la périphérie est d'Alger connu pour son anarchie urbanistique, ses routes bourbeuses à la moindre chute de pluie et poussiéreuses en été, est le sanctuaire des commerçants grossistes. On en compte plus de 800 qui activent dans cette bourgade pauvre qui enregistre pourtant la circulation de milliards de dinars chaque jour. Pratiquement tout l'approvisionnement en produits agroalimentaires des 48 wilayas se fait à partir de Semmar. Pour Omar Lazri, coordinateur des grossistes, Semmar représente en quelque sorte le stock national des produits agroalimentaires. « 70% des produits se trouvant chez les grossistes relèvent de la production nationale. Nous constatons ces dernières années que cette production a connu une nette amélioration en quantité et en qualité. Elle occupe à peu près 70% des produits que nous vendons, le reste, ce sont des produits d'importation », signale-t-il. Reste que, pour lui, le cadre et les conditions dans lesquels activent les grossistes sont loin de répondre aux normes. « Notre activité mérite d'être mieux organisée dans un marché digne de ce nom et un environnement sain », revendique Lazri. Selon lui, une étude pour la création d'un marché de gros a été initiée en 2005 par les commerçants et soumise au ministère de l'Intérieur. « Nous demandons une autorisation et un terrain pour ériger un marché de gros répondant aux normes internationales. Nous avons même proposé que ce soient les commerçants eux-mêmes qui financent ce projet qui sera géré par une entreprise nationale », explique Lazri. Selon ce dernier, les 840 commerçants grossistes qui activent à Semmar refusent de quitter ce lieu pour un marché qui a été réalisé il y a deux ans à El Harrach. Et pour cause, cette réalisation, qui a couté 70 milliards de dinars, ne répond pas aux règles d'un marché de gros. « Sa construction s'est faite sans notre avis, résultat, les camions de gros tonnage ne peuvent pas y accéder », note le coordinateur des grossistes. « On ne peut pas créer un pareil marché en plein ville d'El-Harrach. Ce marché, s'il est ouvert, risque de provoquer une anarchie dans la ville », affirme-t-il. En outre, il estime inconcevable que les grossistes quittent Semmar pour « permettre à d'autres d'occuper leurs locaux ».