Ahmed Ouyahia, secrétaire général par intérim du RND et directeur de cabinet de la Présidence, compte faire campagne pour l'aboutissement du nouveau projet de révision de la Constitution. Les cadres et militants de son parti sont appelés à se mobiliser sur le terrain pour expliquer aux Algériens le bien-fondé du contenu de cette nouvelle loi. Dans une correspondance adressée aux responsables locaux du parti, dont El Watan a obtenu une copie, Ouyahia revient sur certains points de discorde ayant suscité une polémique, notamment l'article 51 de cette nouvelle loi. Contrairement à son partenaire politique au pouvoir, Amar Saadani, qui a vivement critiqué et dénoncé cet article, Ouyahia ne le voit pas du même œil, il défend ses positions et maintient que les binationaux ne peuvent occuper les hautes fonctions de l'Etat. En défendant ce projet de révision constitutionnelle, Ouyahia estime que c'est la première fois qu'un projet de Loi fondamentale prend en charge clairement et avec précision la question des citoyens résidant à l'étranger et cela à travers l'article 24 bis qui impute à l'Etat la responsabilité de ses ressortissants, la protection de leur identité, le renforcement de leur rapport à leur pays d'origine et leur mobilisation pour la construction de l'Algérie. «En comparaison avec les Constitutions algériennes, y compris celle en vigueur, aucune ne prend en charge la protection des citoyens résidant à l'étranger comme le stipule l'article 24», se défend-il. En riposte au tollé soulevé par l'article 51 qui requiert la nationalité algérienne exclusive pour l'accès aux hautes fonctions de l'Etat et aux fonctions politiques, Ouyahia cite de nombreux pays qui traitent la question de la double nationalité avec beaucoup de rigueur. Ces Etats vont parfois jusqu'à son interdiction, comme c'est le cas de l'Allemagne, de la Chine, du Japon, du Ghana et de l'Ethiopie. Mieux, il y a, poursuit le chef de cabinet de la Présidence, de nombreux autres pays qui mettent des barrières à l'arrivée des détenteurs de la double nationalité aux hautes fonctions politiques du pays. Et le meilleur exemple est la Constitution de l'Australie, considérée comme le pays de l'émigration. Plus explicite, Ouyahia note que l'Algérie a accepté dans les faits la double nationalité, qui n'est pas pourtant reconnue par le code de la nationalité, et ce, en partant de la réalité historique contemporaine qui a fait que des dizaines de milliers de ses enfants se sont exilés, volontairement ou contre leur gré, dans le pays colonisateur et leurs enfants ont été acceptés selon le même principe. A travers ce nouveau projet de révision de la Constitution, l'Algérie, selon le premier responsable du RND, réaffirme sa détermination à soutenir ses enfants et ne voit aucun inconvénient à ce qu'ils exercent une fonction dans leur pays. «L'article 51 concerne uniquement les hautes fonctions de l'Etat, tels les postes de ministre ou de haut fonctionnaire de l'administration ou alors des fonctions de souveraineté ou politiques telle que député. Ces fonctions peuvent être convoitées par des milliers de citoyens algériens dans les quatre coins du monde et non seulement par les quatre millions d'Algériens résidant à l'étranger», insiste M. Ouyahia qui rappelle que la première formulation de l'article 51 vise à définir la liste des hautes fonctions de l'Etat ou des fonctions politiques à travers un décret présidentiel. Mais après la polémique née sur la scène politique, le président de la République a décidé de renforcer cette disposition en renvoyant à un texte qui définira la liste des fonctions et des responsabilités. L'amendement apporté à cet article n'a apparemment pas perturbé la position d'Ahmed Ouyahia !