Mercredi après-midi, la petite salle servant d'atelier au niveau du Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) a été trop exiguë pour accueillir un public venu nombreux assister à la table ronde autour du patrimoine. Malgré l'ouverture d'une autre salle reliée en visio, les organisateurs de l'événement ont été obligés de recourir à la salle de conférences. Organisée par Hadj Miliani, enseignant à l'université Ben Badis de Mostaganem, à la tête d'une équipe de recherche spécialisée dans le patrimoine, les pratiques artistiques et culturelles en mouvement, la table ronde a été axée sur des interventions données par des spécialistes et basées sur des expériences connues. Après la présentation de la problématique globale sur la question du patrimoine, c'est Madina Foukroun, de l'Ecole nationale de conservation et de restauration des biens culturels (Alger), qui entrera dans le vif du sujet avec «le projet de restauration de hammam Essebaghine» de Tlemcen. Ce projet de restauration, initié dans le cadre de «Tlemcen, capitale de la culture islamique», résume assez bien les expériences de réhabilitation entamées un peu partout en Algérie. La restauration, arrêtée depuis 5 ans, qui visait à rendre l'image originelle du hammam construit aux XIe ou XIIe siècles, a tôt souffert du manque de personnel qualifié et de l'inexistence de matériaux artisanaux. L'approche en gestion de site et outils d'aide à la décision ont été les points forts exposés par Farida Sehili, du département d'architecture de l'université Sétif 1, dans sa présentation de «Les acteurs et la gestion du patrimoine urbain, le cas de Mansourah K'bira à Bordj Bou Arréridj». Cette présentation technique a fait la part belle au HEQ2R, une méthode inscrite dans la gestion durable du patrimoine. Le siège de la confrérie Rahmania d'Alger, courant soufi maghrébin, est également une expérience de restauration de la zaouïa expliquée par Lamia Mansouri du département d'architecture de l'université de Constantine 3. Djillali Tahraoui, du département d'architecture de l'USTO, a été très clair quant au péril qui, aujourd'hui, menace le classement de Sidi El Houari en tant que quartier protégé par décret publié dans le Journal officiel. Des permis de construire ont été attribués dans le périmètre protégé du quartier de Sidi El Houari. Une question s'impose : à qui profite le viol de la loi ? M. Tahraoui a rappelé le grand combat mené par des citoyens pour la sauvegarde des quartiers Sidi El Houari et Derb. Abdesselem Abdelhak de l'association Bel Horizon a présenté «Oran, ville la plus fortifiée de la Méditerranée». L'expérience d'une école-chantier, notamment dans l'essor des métiers traditionnels, a été le thème exposé par Soumaya Hassam, architecte, doctorante en patrimoine architectural et Haouès Belmaloufi, directeur de l'école-chantier des métiers traditionnels de l'association SDH. La demi-journée a été clôturée après un riche débat.