La nouvelle Constitution garantit dans les faits la liberté de la presse. Ainsi dans son alinéa 1, l'article 41 ter annonce que «la liberté de la presse écrite, audiovisuelle et sur les réseaux d'information est garantie. Elle n'est restreinte par aucune forme de censure préalable.» Pour Hassen Djaballah, professeur associé à l'Ecole de journalisme et ancien membre désigné du Conseil supérieur du journalisme (CSJ), l'article de loi est «une avancée». Pour lui, l'alinéa 2 qui stipule que «cette liberté ne peut être utilisée pour attenter à la dignité, aux libertés et aux droits d'autrui» et l'alinéa 4 qui affirme que «le délit de presse ne peut être sanctionné par une peine privative de liberté» sont de «grands acquis». «Si globalement le texte adopté constitue une avancée, il n'en demeure pas moins qu'il reste flou sur certaines questions qui peuvent être préjudiciables», estime M. Djaballah. En cause, le flou qui entoure l'alinéa 3 de l'article de loi qui édicte que «la diffusion des informations, des idées, des images et des opinions en toute liberté est garantie dans le cadre de la loi et du respect des constantes et des valeurs religieuses, morales et culturelle de la nation». Pour le professeur d'université, cet alinéa ouvre la voie à toutes les interprétations. Il regrette que des garde-fous n'aient pas été mis en place pour éviter les dérapages. «Il eut fallu préciser les contours pour éviter les mauvaises interprétations», juge-t-il. Et d'ajouter que «le risque réside dans les interprétations de l'alinéa qui pose problème par le juge, qui peuvent causer des dégâts». Pour lui, l'alinéa en question peut-être «dommageable pour la liberté de la presse». De son côté, Ammar Belhimer, journaliste et fondateur de plusieurs publications, fustige l'article de la Constitution qu'il considère comme «de la pure démagogie». «Si l'on veut garantir la liberté de la presse, il suffit de laisser les gens créer leurs journaux, et bannir les pressions qui s'exercent à travers la publicité», affirme Ammar Belhimer. Du côté du Syndicat national des journalistes (SNJ), on estime que «les principales revendications de la corporation des journalistes ont été prises en charge, avec le bannissement de la peine d'emprisonnement pour les délits de presse». Mais le SNJ rappelle dans son communiqué que «l'expérience récente des nouvelles lois en la matière, comme le code de l'information, la loi sur l'audiovisuel et celle sur la publicité, qui n'a d'ailleurs jamais vu le jour, nous poussent à exprimer certaines réserves légitimes». «Une loi, celle suprême davantage encore, n'a de valeur que si elle est appliquée pour tous, de manière juste et non pas en fonction des humeurs ou des intérêts des uns et des autres», conclut le SNJ.