Le géant britannique British Petroleum (BP) confirme les prévisions moroses qui concerneront, à court terme, l'évolution des marchés pétroliers. Dans une intervention lors d'une conférence organisée dans le cadre de l'International Petroleum (IP) Week à Londres, le directeur général de la compagnie pétrolière britannique s'est dit, hier, «très pessimiste» concernant l'évolution des prix du pétrole au premier semestre 2016, estimant que le rééquilibrage du marché n'interviendrait pas avant la seconde partie de l'année. «Nous sommes vraiment pessimistes pour la première moitié de cette année» concernant les prix du pétrole, a déclaré M. Dudley. BP ajoute ainsi au pessimisme déjà exprimé depuis mardi par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) ainsi que Energy Information Administration (EIA, une antenne du ministère américain de l'Energie) et la banque américaine Goldman Sachs, ayant toutes tablé sur des turbulences sur le front du pétrole au cours de 2016. Des estimations qui ont un effet négatif sur la courbe des prix déjà nettement en berne depuis plus d'une année. Le directeur général de BP, cité par les agences de presse, a notamment estimé que les six premiers mois de l'année s'annonçaient «très variables» et «volatiles» pour les prix, avant que le marché ne parvienne à se rééquilibrer vers la fin de 2016. «A un moment donné, dans la seconde partie de l'année, au troisième ou au quatrième trimestre, nous pensons en fait que le solde journalier entre l'offre et la demande au niveau mondial va décliner», a poursuivi M. Dudley. «A ce moment-là, chaque réservoir de stockage et chaque piscine dans le monde seront remplis de pétrole. Et le marché commencera alors à arrêter les frais», a jugé le directeur général de BP. «Je pense que nous allons alors commencer à voir les fondamentaux reprendre le dessus», a-t-il ajouté, soulignant que même s'il ne s'attendait pas à ce que le pétrole s'échange de nouveau à 100 dollars le baril de sitôt, «le cycle des matières premières n'était pas terminé» pour autant. «Quatre cent milliards de dollars de projets ont été différés ou annulés (...). Certains groupes peuvent voir une activité équivalente à un millier de milliards de dollars reportée aux trois prochaines années. Cela va provoquer une nouvelle réaction du marché», a ainsi prédit M. Dudley. Comme ses concurrents, BP a commencé à réduire la voilure face à la chute des cours en réduisant ses investissements et ses effectifs. Le groupe prévoit environ 4000 suppressions de postes — déjà annoncées — parmi ses employés et sous-traitants en 2016 dans l'amont ainsi que jusqu'à 3000 supplémentaires dans l'aval d'ici la fin de 2017. Il est à rappeler que la compagnie pétrolière britannique a subi de plein fouet la forte baisse des cours du pétrole et du gaz, accusant en 2015 une lourde perte de 6,5 milliards de dollars. Hier, les prix du pétrole restaient sous tension s'affichant aux alentours de 30 dollars en cours d'échanges européens. Vers 17h (heure algérienne) le brent s'affichait à 31, 07 à Londres.