Cela fait 56 ans que les premiers essais nucléaires français ont été effectués sur le sol algérien. Plus exactement dans le plateau désertique de Tanezrouft, dans l'actuelle wilaya d'Adrar. Les effets néfastes de ces essais sont toujours ressentis par les populations de la région. Le président de l'Association du 13 Février 1960, Hamel Omar, n'a pas manqué de le relever dans une déclaration répercutée hier par l'APS. Sa revendication prioritaire : la décontamination du site concerné par ces «essais de la mort» afin d'arrêter la catastrophe sanitaire qui frappe la population de Reggane. «Considérés comme crimes contre l'humanité, les effets dévastateurs des essais nucléaires effectués par la France coloniale dans le Sud algérien se font ressentir à ce jour et continuent d'affecter la santé et la vie des populations des régions concernées», a souligné M. Hamel à la même agence en espérant que son appel, à la fois, soit entendu aussi bien par les autorités algériennes, afin de poursuivre leurs efforts dans ce sens, que l'Etat français pour qu'il agisse en conséquence. Pour Omar Hamel, le souhait le plus urgent pour les populations locales n'est pas d'être indemnisées, mais de voir la zone ayant servi de site pour ces essais définitivement nettoyé pour que les habitants puissent vivre en sécurité sanitaire. «Décontaminer les sites concernés par ces essais nucléaires des déchets radioactifs constitue une priorité pour mettre fin aux effets néfastes de ces crimes sur la population», a insisté M. Hamel pour lequel «la non-décontamination de la région des déchets radioactifs coûte la vie aux habitants et des fonds colossaux à l'Etat dans le cadre de la prise en charge des victimes». «Des centaines de victimes souffrant notamment de cancers et de maladies ophtalmiques, dont des cas graves entraînant la mort, ont été recensées», a encore relevé le président de l'association qui justifie l'absence de statistiques précises et complètes par l'affectation de certains cas vers des services spécialisés au nord du pays. Il fait état, cependant, de quelque 48 cas de cancers, notamment de la peau, enregistrés durant la période allant de mai 2014 à janvier 2016. L'association que dirige Omar Hamel ne revendique pas des indemnisations pour les victimes. Pour M. Hamel, le plus important, c'est d'obtenir «les archives sanitaires des victimes des essais dans cette région d'avant-1962 ainsi que les archives techniques des essais». A quoi serviront ces archives ? Omar Hamel estime que cela permettra à l'association, avec l'aide de spécialistes, de suivre l'évolution des radiations nucléaires meurtrières et de délimiter les résidus. Cela va assurément permettre de faciliter le travail des experts et spécialistes en matière de décontamination. L'association du 13 Février 1960 a d'autres revendications, à savoir la reconnaissance par la France des crimes nucléaires commis en Algérie. Omar Hamel espère que les discussions sur ce dossier engagées entre les autorités algériennes et françaises vont aboutir à un accord qui prendrait totalement et globalement cette question qui empoisonne la vie des habitants de Reggane et des autres régions du Sud touchées par les essais nucléaires menés de 1960 jusqu'à 1967. Le ministre des Moudjahidine avait, en effet, examiné ce dossier sous tous ses aspects avec des membres du gouvernement français, notamment le ministre de la Défense. Pour le moment, rien de précis n'a été entrepris. Les discussions demeurent ouvertes.