Après le différend entre les autorités tchadiennes et les compagnies pétrolières américaine Chevron et malaisienne Petronas, dont les activités au Tchad ont fait l'objet d'une suspension, en août dernier, un nouveau marché semble s'offrir à la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, pour l'exploration du pétrole tchadien. En effet, la visite en Algérie du ministre tchadien du Pétrole, Emmanuel Nadingar, entamée dimanche dernier, a donné lieu à la signature, avant-hier à Alger, d'un important procès-verbal, engageant les deux pays dans une démarche de coopération renforcée dans le domaine des hydrocarbures. Cet accord de coopération énergétique, à travers lequel le Tchad aspire à mettre à profit l'expertise de Sonatrach, met particulièrement l'accent sur les volets d'assistance technique, de formation, mais aussi d'exploration. « Notre visite en Algérie a constitué une réponse à notre demande d'avoir votre concours et celui de Sonatrach pour la mise en place de notre société pétrolière », a souligné le ministre tchadien du Pétrole, cité par l'APS. Affirmant que la création de cette nouvelle société devra intervenir avant la fin de l'année en cours. M. Nadingar précisera que les négociations entre Sonatrach et le Tchad sur l'exploration de certains blocs dans ce pays vont reprendre après la création de ladite société. « Nous allons devoir discuter sur la possibilité d'une prise de participation de Sonatrach dans la société tchadienne et aussi sur sa participation dans des blocs existants ou à découvrir », a-t-il avancé. Dans cette même optique, le ministre algérien de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a indiqué à l'APS avoir accepté l'invitation de son homologue tchadien à effectuer une visite au Tchad afin d'approfondir davantage la coopération énergétique entre les deux pays. Il soulignera que la date de cette visite sera fixée ultérieurement. Au demeurant, Chakib Khelil n'a pas manqué d'assurer son homologue tchadien de « la disponibilité de l'Algérie à apporter toute la contribution nécessaire pour développer la nouvelle société pétrolière tchadienne ». Il s'est, par ailleurs, engagé à œuvrer au renforcement du partenariat entre les deux pays à travers l'élaboration de projets dans le secteur des hydrocarbures. Devenu producteur pétrolier depuis 2003 avec, actuellement, une production de 200 000 barils par jour, le Tchad offre ainsi à la Sonatrach un marché où les opportunités d'affaires sont d'autant plus réelles, après le différend opposant les autorités de ce pays aux compagnies étrangères. La création de la compagnie tchadienne des hydrocarbures devrait renforcer le partenariat déjà engagé entre Sonatrach et les Tchadiens dans le domaine des hydrocarbures, à la faveur du protocole d'accord et de coopération signé en 2004. Ce protocole porte, notamment, sur l'exploration, la production de pétrole brut, le raffinage et l'expertise dans les domaines du contrôle et de l'audit technique et financier. A rappeler qu'en août dernier, les autorités tchadiennes avaient décidé de suspendre les activités au Tchad de Petronas et Chevron, qui composent, avec l'américain ExxonMobil, le consortium qui exploite le brut tchadien depuis 2003. Accusant ces deux compagnies de ne pas avoir payé l'impôt sur les sociétés, elles avaient ordonné leur départ du territoire tchadien. Le président tchadien a, par ailleurs, décidé de renégocier la convention qui lie le Tchad au consortium afin que son pays prenne directement part à la production de pétrole. Le Tchad n'a, en effet, signé avec les sociétés pétrolières qu'un accord de concession et non de partage de la production, et de ce fait, l'Etat ne touche que des redevances à hauteur de 12,5% des revenus tirés de la vente de son pétrole.