Le général à la retraite Hocine Benhadid, en détention provisoire depuis cinq mois, a décidé de passer à l'action en entamant une grève de la faim et des soins. Ses avocats ont essayé, pour la troisième fois, de le dissuader en raison de son état de santé fragile mais il a refusé, cette fois-ci, d'y renoncer. «Je lui ai rendu visite hier, certes, il est malade, très faible mais il ne veut pas renoncer a son action. Après avoir épuisé toute les voies de recours pour une prise en charge sérieuse de son état de santé, le général Benhadid abat sa dernière carte pour se faire entendre. Nous ne savons pas encore si la grève est illimitée ou pas», explique maître Bachir Mechri. Le général Benhadid, incarcéré à la prison d'El Harrach depuis des mois, ne dénonce pas cette fois-ci les lenteurs judiciaires en matière de gestion de son dossier, mais s'insurge beaucoup plus contre le silence de l'administration quant à ses demandes pour bénéficier de soins appropriés dans une structure hospitalière. Le général Benhadid avait annoncé, à deux reprises, son intention d'observer une grève de la faim, mais ses avocats lui ont conseillé de patienter jusqu'au vote de la nouvelle Constitution. Dix jours après son approbation par le Parlement, le général Benhadid n'a eu aucune réponse concernant son affaire et ses doléances. «Le 5 janvier dernier, le général Benhadid avait décidé d'observer une grève de la faim nous lui avons demandé d'attendre un peu pour éviter que l'on nous accuse de faire pression sur la justice et de perturber le vote sur la Constitution. Il a reporté son action car nous avons envisagé d'introduire une demande pour une mise en liberté provisoire», note maître Mechri précisant que la défense avait saisi à plusieurs reprises la direction pénitentiaire d'El Harrach et les concernés pour un éventuel transfert du général dans un établissement sanitaire pour des soins, mais en vain. «C'est l'indifférence totale. Nos demandes datées du 5 janvier et du 3 février 2016 sont restées lettre morte. Ce mépris a irrité notre client qui a décidé de passer à l'action sans même nous avisés», rapporte maître Mechri. Diabétique, atteint d'insuffisance cardiaque et souffrant d'une hernie discale qui s'est aggravée à cause de l'humidité de la prison, le général Benhadid, âgé de 70 ans, veut alerter l'opinion publique sur son cas. Avec la révision de la Constitution, le collectif d'avocats du général de Benhadid espérait que les promoteurs de ce texte ne pourraient pas laisser le général privé de sa liberté. «Dans le cadre de cette révision de la Constitution, nous souhaitons que les rédacteurs de cette nouvelle loi puissent donner la preuve de la sincérité de l'affirmation de ces principes. Et la détention du général Benhadid ne doit pas être un point noir», affirme Me Mechri.