L'inauguration du Musée régional de Médéa est programmée pour le 5 juillet prochain, jour de l'indépendance du pays, apprend-on de son jeune directeur, Mourad Hamzaoui. C'est un bijou architectural construit sur un site qui domine toute la chaîne montagneuse de l'Atlas blidéen. L'édifice, qui symbolise la Révolution de 1954, va regrouper en son sein les souvenirs impérissables marquant la Guerre de Libération nationale au niveau des huit wilayas du centre du pays. La ville de Médéa, fief de la Wilaya IV historique, n'a pas été choisie fortuitement pour abriter un musée régional, mais en raison de son passé glorieux et du grand sacrifice de ses habitants, en particulier sa jeunesse, qui se sont portés volontaires dès les premières heures de la Révolution armée pour rejoindre les maquis. Dans le combat libérateur, Médéa a connu de nombreuses batailles et opérations militaires qui se sont déroulées en divers hauts lieux chauds de la lutte armée de la wilaya, où les valeureux maquisards ont causé de lourdes pertes à l'occupant. Dans la région, plus de 15 000 martyrs sont tombés au champ d'honneur pour la libération de la patrie. Ils sont aujourd'hui la fierté de cette région dont la terre est arrosée de leur sang valeureux. Les générations post-indépendance se souviendront à jamais du sacrifice de ces héros parmi lesquels on peut citer le colonel Si Tayeb Djoghlali, le commandant Si M'hamed Bouguerra, le commandant Si Lakhdar Mokrani, les valeureux chouhada Si Louhi et Imam Lyes ainsi que le commandant Si Mahmoud Bachène. Et la liste est encore longue… Projection d'un film documentaire La célébration de la Journée du chahie, cette année, a été marquée par un éclat particulier. Elle a rassemblé une foule composée en majorité de jeunes qui ont tenu à participer en masse à cette commémoration, chère à leur cœur. Après la rituelle cérémonie de recueillement au cimetière de chouhada, les autorités civiles et militaires, à leur tête le wali Mostafa Layadi, ont pu suivre, au milieu de nombreux étudiants de l'université, un film documentaire sur les différentes étapes de la lutte armée, produit par le musée régional. La projection a été suivie de deux conférences. Aussi, la délégation officielle a baptisé deux écoles au nom de martyrs, avant de prendre part à un match amical opposant les deux leaders des Ligue professionnelles 1 et 2, à savoir l'USM Alger et l'O Médéa au complexe sportif Imam Lyes. La rencontre s'est soldée par le score de 3 buts à 1 au profit des locaux. Egalement des soirées musicales, théâtrales et des projections de films révolutionnaires ont égayé le programme de ces festivités qui se sont déroulées un peu partout dans les différentes salles de spectacles de la wilaya. Témoignage d'un fils de Chahid La date symbolique de la Journée nationale du chahid revêt un caractère spécial marquant les massacres et assassinats collectifs commis par la soldatesque coloniale à l'encontre du peuple algérien. Ces exactions et ces dépassements resteront à jamais gravés dans l'esprit des générations montantes, car ils sont légués perpétuellement, de bouche à oreille, d'une génération à un autre pour lutter contre l'oubli et l'amnésie. Tahar Bentarcha, fils de chahid, garde en mémoire ces effroyables et monstrueux souvenirs de ce jour d'octobre 1959 où son père a été tué avec ses compagnons d'armes. Leurs corps sans vie, maculés de sang, méconnaissables et déchiquetés par des obus de l'aviation, n'ont pas eu le respect dû aux morts par les forces coloniales qui les ont attachés et traînés à l'arrière de véhicules militaires jusqu'à la petite place du village d'El Omaria, où tous les habitants avaientnt été regroupés de force pour voir cette horreur de l'armée française. C'étaient des scènes barbares, raconte-t-il, commises par ces bourreaux criminels n'ayant ni foi, ni loi, ni respect envers leurs semblables, car ils ont également emmené de force la mère, la femme et les enfants du martyr. Tahar Bentarcha se souvient encore de ces youyous stridents poussés par sa grand-mère paternelle défiant la horde sanguinaire des soldats et des traîtres. Notre témoin, trop jeune à cette époque, n'a pu mémoriser les traits du visage de son cher père, mais se souvient vaguement d'une silhouette. Il a fallu attendre jusqu'en juillet 2014, à l'âge de 60 ans, pour enfin découvrir le visage de son père sur une photo prise au maquis. Cette photo, il l'a trouvée après de longues et pénibles années de recherche et de déplacement d'une localité à une autre, auprès de ses compagnons d'armes. Depuis qu'il a récupéré la photo de son père, celle-ci ne le quitte plus dans son bureau, dans sa voiture, partout où il se déplace. Cette précieuse relique est le seul souvenir d'un valeureux père qui a préféré sacrifier sa vie pour que vive l'Algérie libre et indépendante.