Sous la direction du maestro Nicoletta Conti, l'Orchestre symphonique national (OSN) – composé de quarante musiciens – auquel se sont joints deux instrumentistes et une soprano italiens, a gratifié, mercredi dernier, dans l'antre du TNA, le public algérois d'une prestation musicale de haute facture. Lors de cette soirée ramadhanesque, les convives qui ont fait salle comble ont été transportés, l'espace d'une heure et demie, dans la magie des airs de la musique universelle. En lever de rideau, l'ensemble orchestral entame la soirée avec l'ouverture La Gazza ladra (la Pie voleuse), une pièce empruntée du répertoire du compositeur italien Gioacchini Rossini, avant d'exécuter la symphonie n° 38 en ré majeur, intitulée Prague de Wolfgang Amadeus Mozart, dont le 250e anniversaire de sa naissance est, faut-il le rappeler, célébré cette année à travers le monde. Introduite dans un mouvement lent, la partition alternait avec le tempo tantôt modéré, tantôt vif avec une fanfare lumineuse des trompettes et des cors. La pièce, riche en contrastes et en développements dramatiques pleins de tristesse, baignait l'assistance dans une atmosphère détendue. Voire monacale. S'ensuit une œuvre tirée du terroir algérien, à consonance nouba Ya nas djaratli el gharaeb, savamment habillée par G. Bouzogly, qui clôt la première partie du programme, vivement applaudie. Après une courte pause, l'orchestre enchaîne avec l'ère de l'opéra italien qui caractérisait le milieu du XIXe siècle. La jeune cantatrice Arianna Ballotta fait son entrée pour exprimer magistralement les airs de Don Pasquale : so anch'io la virtù magica (Je me connais dans la vertu magique) du compositeur Gaetano Donizetti. Un morceau qui, égrené dans une veine pathétique, flirte avec le genre comique sentimental. La soprano poursuit avec Semiramide, le beau rayon de G. Rossini, une pièce vocale qui raconte « la reine mythique de la ville de Babylone, entourée des dames de la cour dans les jardins suspendus du palais ». La chef d'orchestre Nicoletta Conti, qui a travaillé sans relâche pendant une semaine avec les différents pupitres, nous fait revisiter un acte d'opéra de Giuseppe Verdi, en l'occurrence Rigoletto dans Caro nome (Cher homme) qu'expriment joyeusement les roulades et l'ornementation vocale de la chanteuse lyrique. Le spectacle nous conduit dans une autre exaltation d'opéra à travers l'œuvre Je veux vivre de Roméo et Juliette qui inspira le compositeur français Charles Gounod, alors en plein élan créatif à la fin du XIXe siècle. Un air qui illustre « la joie en tant que folie de la vie » auquel nous convie la soprano qui s'illustre dans un beau final avec un titre tiré du catalogue des œuvres de W.G. Mozart, Die Zuberflöte (la Flûte enchantée). Une colorature qui donna une dynamique scénique, forçant le public à une longue standing ovation. C'est aussi un signe d'admiration que témoignent les présents pour la « prima dona » qui fait un retour sur scène pour exécuter un morceau improvisé. Soulignons que le Théâtre régional de Tizi Ouzou a accueilli, hier soir, l'OSN qui a présenté au public le même florilège d'œuvres musicales savantes.