Des responsables de sept syndicats autonomes se sont réunis ce week-end à Alger pour faire le point sur la situation des libertés syndicales en Algérie. Maître Zehouane, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) était de la partie. Les porte-paroles des syndicats du Cnapest, du Cnes, du CLA, du Satef, du Snapap, du Snapsi, du Snpepm ont à l'unanimité indiqué que seule l'émergence des syndicats autonomes peut permettre une relance de la dynamique sociale dans notre pays. Pour les intervenants, les syndicats peuvent offrir un encadrement authentique aux luttes et aux revendications du monde du travail. Ils regretteront néanmoins le fait que les syndicalistes soient encore la cible de l'administration et de ses appareils politico-bureaucratiques sclérosés dans leurs pratiques de coercition et de refus de dialogue. Les dirigeants de ces organisations sont convaincus que l'administration, la police et la justice sont « instrumentalisées et mises à contribution pour paralyser et réprimer le mouvement à ses différents niveaux d'expression ». Lors de cette rencontre, les participants ont pris la décision de ne ménager aucun effort pour dénoncer l'acharnement judiciaire et administratif qu'ils subissent systématiquement. « Un collectif d'avocats a été constitué pour nous accompagner dans notre démarche. Pour se faire entendre, nous avons opté pour un mouvement de protestation dont nous déterminerons la forme incessamment », diront les représentants de ces organisations. Ces derniers ont énuméré dans un long document les problèmes auxquels ils sont confrontés que ce soit sur le pan administratif, judiciaire ou avec les services de sécurité. Concernant ce dernier point, les syndicalistes ont estimés incorrect le fait que les services de police s'autorisent à exercer des voies de fait envers les responsables de syndicats, se faisant ainsi le bras armé de toutes les puissances d'intimidation et de répression sans égard aux exigences de la loi en matière de protection des libertés individuelles et collectives. Déni de service public « Les intéressés sont interpellés ou convoqués dans les commissariats sans présentation du mandat de justice. Nombreux sont ceux qui ont été gardés à vue comme de vulgaires malfaiteurs sans garantie de représentation », expliquent les membres de ces organisations. Au niveau judiciaire, l'ensemble des concernés ont évoqué l'instrumentalisation des magistrats pour briser les mouvements de grève engagés en dernière limite pour faire entendre des revendications légitimes. « Les procédures de référé sont détournées pour ordonner la suspension d'actions syndicales qui, pourtant, se conforment à tous les critères de légalité exigés par la loi. La question de la qualité des représentants syndicaux, alors qu'elle relève de la procédure de fond, est soulevée et retenue en référé pour motiver des décisions scélérates », diront les responsables de ces organisations, qui feront remarquer que sur la base de ces décisions, les syndicalistes sont poursuivis et condamnés au pénal pour obstruction et non-respect des décisions de justice. Le comble, expliquent-ils, c'est que devant les juridictions pénales, ils sont soumis à des contrôles judiciaires, mesures habituellement prévues à l'encontre de délinquants sans garantie de représentation et susceptibles de se soustraire volontairement à la justice. « Ces mesures frappent les syndicalistes à des fins vexatoires et pour venir à bout de leur esprit revendicatif. Les syndicalistes les subissent depuis plusieurs années aux différents points du territoire national », ont-ils souligné. Par ailleurs, et sur le plan administratif, les initiateurs d'actions revendicatives ou de protestations sont systématiquement pris à partie et font l'objet de sanctions administratives, de suspensions de salaires et de pressions en tout genre. Le pire est que dans leurs démarches pour la constitution d'associations légales, les intéressés se heurtent au déni des services publics de la part des administrations de tutelle qui refusent, selon les représentants des sept syndicats, de donner acte du dépôt des dossiers de constitution et ce, malgré l'injonction impérative de la loi en la matière. Les syndicats autonomes souhaiteraient, en outre, que les pouvoirs publics lèvent les mesures de contrôle judiciaires et mettent fin à toutes les poursuites qui frappent les militants syndicalistes, la cessation de toute immixtion des pouvoirs publics dans la vie organique des syndicats.