La tenue à Alger d'une conférence des chefs de police africains consacrée aux violences à l'égard des femmes coïncide avec le parachèvement de la campagne de Ban Ki-moon lancée en 2008 contre ce fléau. Elle permettra le partage des expériences en matière de prévention contre ce fléau, mais aussi la mise en place de stratégies de protection plus efficaces. C'est ce qu'a déclaré hier Ali Ferrague, directeur de la police judiciaire. A la veille de la tenue à Alger, les 7 et 8 mars, d'une conférence africaine sur le rôle des organes de sécurité dans la lutte contre les violences à l'égard des femmes, le directeur de la police judiciaire, Ali Ferrague, a animé hier une conférence de presse durant laquelle il a évoqué sur les objectifs de cette rencontre qu'il qualifie d'«important événement régional» qui regroupera, dit-il, non seulement les chefs de police africains, mais aussi des personnalités mondiales, comme le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon et des représentants d'organisations onusiennes, notamment de l'ONU Femmes, le Fnuap, le PNUD, le HCR ainsi que des experts africains et occidentaux dans le domaine de la lutte contre les violences à l'égard des femmes et des filles. «Le choix d'Alger pour accueillir les travaux de la 5e assemblée générale de la Déclaration de la conférence internationale de Kigali n'est pas fortuit. Il coïncide avec le parachèvement de la campagne contre les violences à l'égard des femmes, lancée en 2008 par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Il a été décidé par les directeurs et les inspecteurs généraux de police africains, eu égard au niveau de professionnalisme et de modernisation de la police algérienne à travers le recours à des moyens et des technologies de pointe dans l'accomplissement de ses missions dans le respect des droit de l'homme, et ce, grâce à la nouvelle dynamique impulsée par le Directeur général de la Sûreté nationale qui a tout mis en œuvre pour renforcer la coopération policière régionale à travers la mise en place du mécanisme de coopération policière africaine, Afripol, dont le siège est à Alger», a déclaré Ali Ferrague. L'objectif, a-t-il ajouté, est de consolider les efforts en matière de sensibilisation sur les conséquences de la violence contre les femmes et l'encouragement des initiatives allant dans le sens de la lutte et de la prévention contre ce fléau. M. Ferrague a ajouté, par ailleurs, que la conférence permettra aux participants «de partager les expériences» en matière de lutte et d'arrêter des «recommandations pertinentes à même d'aider les services de police à apporter des réponses efficaces à ces violences». Le directeur de la police judiciaire met l'accent sur «l'expérience» de nombreux pays dans le domaine, notamment l'Algérie qui a «intégré la dimension humaine» dans son approche de prise en charge de ce fléau. «Dans sa stratégie de lutte contre les violences, la Sûreté nationale a intégré la dimension humaine à travers la police de proximité dans le but d'anticiper sur certaines infractions. En fait, c'est une approche globale qui prend en charge la protection des personnes vulnérables. Sur le terrain, les 50 unités de protection de l'enfance interviennent aussi bien en ce qui concerne les enfants, mais aussi lorsqu'il s'agit des infractions liées à la famille. La Sûreté nationale a développé une approche globale dans le traitement de la criminalité, qui repose essentiellement sur la prévention. Lors des travaux de la conférence, un panel d'experts fera état des expériences des pays participants et l'Algérie sera représentée par la Direction générale de la Sûreté nationale, mais aussi par les différentes institutions, comme les ministères de la Justice, de la Santé et de la Solidarité, qui vont parler des stratégies mises en place pour lutter contre les violences à l'égard des femmes», a expliqué M. Ferrague. Ce dernier reconnaît qu'il «est difficile» pour des pays confrontés à des situations de guerre et de conflits armés de protéger les femmes et les enfants, souvent les premières victimes des violences, en soulignant cependant : «Nous voulons qu'à travers les débats et l'exposé des expériences des uns et des autres, nous puissions partager cette vision de police citoyenne et sociétale parce que sans le citoyen, la police ne peut agir. Le continent africain fait face à des défis majeurs et la communauté internationale en est consciente. Les mécanismes prévus par l'ONU, dans le cadre de la résolution 13-25, permettent de surmonter ces défis…» Interrogé sur l'entrée en vigueur en Algérie de la nouvelle loi sur les violences à l'égard des femmes, le directeur de la police judiciaire se montre catégorique : «Ces infractions existaient déjà dans le code pénal qui ne fait pas de distinction entre les citoyens et les citoyennes. Il faut reconnaître que l'Algérie a fait un pas de géant par rapport à ces nouvelles dispositions qui viennent renforcer légalement la protection des femmes.»