Le nord du pays a connu, la semaine dernière, de nouvelles perturbations météorologiques, avec des précipitations qui sont certainement d'un grand apport pour les barrages mais, surtout, pour les agriculteurs. Déjà, les pluies précédentes ont quelque peu calmé l'inquiétude des fellahs confrontés, depuis le début de la saison agricole, à un sérieux déficit en pluviométrie. Les nouvelles parvenues des différentes régions agricoles du nord du pays, notamment de l'ouest, faisaient état, jusque-là, d'un apport hydrique insuffisant ayant sérieusement affecté les cultures pluviales (dépendant exclusivement des pluies). Il s'agit particulièrement de la céréaliculture, presque entièrement dépendante de la pluviométrie, puisque les superficies irriguées, qui pourraient réduire cette dépendance vis-à-vis du climat, représentent seulement 7% des superficies cultivées. Si les pouvoirs publics ne veulent pas parler jusqu'ici de sécheresse, ils admettent néanmoins que le pays vit un «stress hydrique important». Interrogé il y a près de deux semaines sur la situation des ressources hydriques, Abdelouahab Nouri, ministre des Ressources en eau, a indiqué qu'il n'y avait pas lieu de déclarer l'état de sécheresse dans le pays, mais «une telle hypothèse n'est pas à exclure si la situation persiste». Pour les spécialistes de l'Office national de la météorologie (ONM), «déclarer un état de sécheresse est très délicat» en ce sens que les paramètres de désignation de cet état sont définis «par région, eu égard à la variabilité de la pluie» et à la position géographique de la dépression climatique. Les précipitations cumulées ces derniers jours permettent d'évoquer un «déblocage progressif» du déficit pluviométrique. Il n'en demeure pas moins qu'au plan agricole, les spécialistes font le distinguo entre les différents types de sécheresse et affirment que «la sécheresse agronomique n'est pas seulement une insuffisance de pluviométrie pendant une période de temps donnée, mais un manque d'eau sur une période suffisamment longue pour être ressentie par les cultures». Pour les agronomes, les précipitations doivent être bien réparties dans le temps et dans l'espace pour que l'agriculture réalise de bonnes performances. Les quelques pluies enregistrées ces derniers jours, et celles probablement à venir, sont-elles de nature à sauver la saison agricole ? Rien n'est sûr. Même si, effectivement, ces précipitations évacuent le spectre de la sécheresse et redonnent espoir aux agriculteurs, l'apport pluviométrique demeure faible. Les techniciens, quant à eux, voient le problème sous un autre angle et affirment que «la probabilité d'une saison médiocre n'est pas à écarter». Ils font remarquer que le déficit en pluviométrie qui a prévalu durant plusieurs semaines, au début de la saison agricole, a entraîné des pertes importantes dans les cultures semées précocement, notamment en céréaliculture. Pour les céréales, même si la récolte peut être sauvée, «une diminution du volume pluviométrique durant le cycle de croissance se répercute inévitablement sur le stade de développement et de formation des grains et, partant, sur la production», nous explique un ingénieur agronome. A la fin du mois de mai, toutes les céréales «atteindront le stade de maturité physiologique qui correspond à la pleine formation du grain. D'où l'importance d'une bonne distribution de la pluviométrie à l'intérieur de la période agricole», nous précise-t-on encore. Le recours à l'irrigation d'appoint, très peu utilisée aujourd'hui, demeure la seule alternative face à des situations de manque de pluviométrie. Là est toute la problématique du secteur agricole dans le pays.