L'Organisation des Nations unies (ONU) n'a pas tardé à répondre aux accusations de «partialité» dans la gestion du dossier du conflit du Sahara occidental lancées, mardi soir, par le gouvernement marocain à l'encontre de son secrétaire général, Ban Ki-moon, qui s'était rendu quelques jours plus tôt dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf et dans les territoires sahraouis libérés. Dans une déclaration, jeudi, à la presse, le porte-parole adjoint de M. Ban, Farhan Haq, a bien évidemment réfuté en bloc les accusations marocaines. «Certainement, le secrétaire général estime que lui et les Nations unies sont des parties neutres», a-t-il affirmé après avoir rejeté dans le fond et dans la forme les allégations colportées par le Maroc selon lesquelles le secrétaire général de l'ONU s'est «départi de sa neutralité». A l'occasion, M. Haq a fait savoir que Ban Ki-moon ne restera pas les bras croisés face à la douleur des Sahraouis. Il a indiqué, à ce propos, que le secrétaire général de l'ONU est en train de déployer tous ses efforts pour résoudre ce conflit. Farha Haq a ajouté que M. Ban croyait en l'importance de sa dernière visite dans la région qui consiste à «attirer l'attention une fois de plus sur la nécessité de parvenir à une solution à un différend sur un territoire non autonome» qui dure depuis quarante ans. Au cours de sa dernière visite dans la région, le secrétaire général de l'ONU s'était dit, rappelle-t-on, attristé par une tragédie humanitaire au Sahara occidental occupé, promettant de relancer la médiation de l'ONU en vue d'engager des négociations directes entre le Front Polisario et le Maroc. Ban Ki-moon avait déclaré, en outre, avoir «compris la colère des Sahraouis envers l'ONU et quelques membres du Conseil de sécurité» pour avoir été oubliés pendant 40 ans. Il a indiqué qu'il allait œuvrer à faire avancer ce processus, tout en insistant sur le «droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination». Les Sahraouis sont privés de ce droit par le Maroc qui continue à les spolier de leurs richesses. En raison de ses positions en contradiction avec la légalité internationale et avec le droit des peuples à l'autodétermination, le Maroc vit actuellement un isolement international. Cet isolement se traduit, par exemple, par l'annulation, en décembre dernier, par la Cour européenne de justice (CEJ) d'un accord agricole et de pêche liant depuis 2012 l'Union européenne (UE) à Rabat. A ce propos, la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a réitéré, jeudi, l'attachement de l'UE à la légalité internationale, affirmant que l'Union se conformera à la décision du Tribunal européen qui a annulé l'accord en question. «Conformément à la décision du Tribunal, l'UE tentera de recueillir des informations sur les points soulevés, à savoir les avantages de l'accord agricole pour la population locale (sahraouie) et l'utilisation des ressources naturelles», a indiqué la Haute représentante de l'UE aux affaires étrangères et à la politique de sécurité, Federica Mogherini, dans une réponse écrite à certains eurodéputés qui s'interrogeaient sur les mesures à prendre si la Cour de justice de l'UE venait à rejeter l'appel introduit par le Conseil des affaires étrangères de l'UE. Cette réponse, éminemment politique, confirme en définitive que pour être conforme avec la légalité internationale, l'accord agricole conclu avec le Maroc doit impérativement profiter à la population sahraouie (ce qui n'est pas le cas actuellement) et que l'UE a un droit de regard sur l'utilisation des ressources d'un territoire sur lequel le Maroc n'a aucune forme de souveraineté.