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Héritage à la trace
Oran .Bilan de la recherche sur le patrimoine culturel immatériel
Publié dans El Watan le 19 - 03 - 2016

La deuxième session de son Projet de Recherche «Patrimoine, pratiques culturelles et artistiques en mouvement», le CRASC* l'a consacrée à la réflexion produite sur le patrimoine immatériel.
Onze communications ont été présentées par les chercheurs, entrecoupées de débats pointus et parfois vifs. Le pilote du projet, le professeur Hadj Miliani, de l'Université de Mostaganem, a d'emblée mis l'accent sur la difficulté de travailler sur le patrimoine, un domaine d'une part jugé dévalorisant y compris au sein de l'enceinte universitaire et, d'autre part, victime de l'inexistence d'une tradition archivistique en notre pays, ce qui oblige à aller directement sur le terrain pour tout travail de cartographie.
Mais, au bout du compte, a-t-il précisé, «il ne s'agit pas de faire de la muséographie ou de la folklorisation, mais d'aboutir à la valorisation de ce qui a été identifié et de le rendre vivant, comme par exemple lorsque le théâtre s'est saisi de la qacida El Haraz et en a fait une pièce. En outre, tout serait vain si le patrimoine n'est pas enseigné à l'école. Par ailleurs, le patrimoine ne relève pas seulement du passé puisqu'il se fait dans le présent, malgré la trompeuse idée de ''désert culturel'' parce qu'il n'existe pas de société sans culture». Clôturant son intervention, Hadj Miliani n'a pas manqué de se féliciter de la mise en ligne récente par le ministère de la Culture d'un portail multimédia dédié au patrimoine.
Habiba Laloui, de l'Université Alger 2 et du Groupe de travail sur la politique culturelle en Algérie (GTPCA), a présenté un projet de cartographie culturelle nationale. Elle en a cerné les contours à travers ses objectifs ultimes en matière de décentralisation et de déconcentration de l'activité culturelle. Le GTPCA se présente comme une association qui milite pour une politique culturelle éloignée du monopole exclusif des institutions officielles et en faveur d'une participation citoyenne. Pour sa part, Hamid Bilek, archéologue, s'est attaché à évoquer le patrimoine immatériel amazigh en rappelant le cadre institutionnel l'ayant pris en charge jusque-là et surtout en soulignant ses enjeux par rapport à la question de l'identité.
Le chercheur Ahmed-Amine Dellaï, dans le même esprit, a dressé un très documenté état des recherches sur le melhoun auquel il se consacre depuis de nombreuses années avec autant de passion que de précision. Il a souligné l'intérêt, mais aussi les limites de la florissante recherche dont ce patrimoine, à la fois oral et écrit, a fait l'objet durant l'époque coloniale : «C'est dans les années quarante que vont apparaître des auteurs autochtones qui vont travailler sur le chi'ir el melhoun et la poésie kabyle». Ils constitueront la passerelle vers la recherche post-indépendance.
Présentant un bilan comparatif dans l'accumulation des connaissances et la collecte des textes du point de vue du savoir biographique, du savoir technique et du savoir linguistique, Ahmed-Amine Dellaï estime que «nous sommes en retard par exemple par rapport à un pays comme le Maroc». Enfin, le conférencier a conclu sur la nécessité pour l'Académie de langue arabe de s'ouvrir sur l'arabe dialectal algérien et d'en finir avec les préjugés sur le melhoun chez une certaine élite cultivée, à l'exemple de Aboul Kacem Saâdallah.
Le professeur Ahmed Cheniki, de l'université de Annaba, a présenté un essai de bilan sur les études et recherches sur le théâtre algérien et fait part de quelques observations critiques puis esquissé des propositions. Il note qu'il a fallu attendre l'année 1966 pour qu'une première thèse soit soutenue sur le théâtre algérien, par Arlette Roth, en France. Interrogeant ce qui a été produit par la suite à l'université, le chercheur a émis des réserves quant aux approches méthodologiques. Enfin, comptabilisant le nombre d'ouvrages édités à l'université et hors cadre universitaire en Algérie, il l'arrête à 21.
Se penchant sur la question de l'onomastique, le professeur Ouerdia Yermèche, de l'Ecole Normale Supérieure de Bouzaréah (Alger), a, elle aussi, fait la part de la recherche coloniale puis post-indépendance. Et tout autant que ce qui a été signalé pour la poésie populaire, elle constate que la science onomastique, qui n'a démarré véritablement que durant les années 80' avec, en 2008, les premières thèses universitaires, s'est surtout intéressée au nord du pays, négligeant des étendues immenses pourtant très productrices en la matière. Mettant en exergue ce que les dénominations de lieux reflètent de l'histoire et de la culture, Yermèche s'interroge sur l'énorme no man's land toponymique de nos espaces urbains. Enfin, elle a évoqué l'impératif d'en finir avec les préjudices causés par les transcriptions erronées qui se sont produites durant la période coloniale, une urgence dont l'importance est notamment apparue depuis le début de l'établissement de documents d'état civil biométriques.
«Le gnaoui, patrimoine maghrébo-africain», a constitué le thème de l'intervention de Sidi-Mohamed
Belkhadem qui a révélé l'absence totale de recherche universitaire en la matière, hormis celle, empirique, produite à la faveur du Festival de Béchar consacré au genre. Belkhadem insiste sur l'urgence de la recherche en la matière d'autant, d'une part, que le diwan en Algérie demeure encore à l'état pur, contrairement au Maroc où le gnaoui a été altéré pour les besoins de la consommation touristique. D'autre part, il a signalé le risque évident que le diwan le soit à son tour, d'autant que la manifestation bécharoise qui lui est consacrée s'intitule Festival de musique diwane : «Or, le diwan est bien plus que sa musique. Il est un rituel, chants, danses, possession, thérapie relevant autant du culturel que du cultuel. C'est aussi un pan de l'histoire nationale».
Saliha Senouci, chercheure au CRASC, a présenté une synthèse des travaux réalisés depuis la colonisation à nos jours sur le conte populaire en Algérie, en arabe dialectal et en amazigh. Mohamed Bensalah, spécialiste de cinéma, a souligné la pauvreté des études et des monographies produites et a présenté un état des lieux sur le patrimoine filmique, sur sa dispersion, sur les salles de cinéma et les actions de réhabilitation engagées pour la réouverture de certaines. Il a de même évoqué l'indispensable révision du cadre juridique de la production cinématographique.
Nordine Belhachemi, enseignant à l'Ecole régionale des Beaux-arts d'Oran, a mis l'accent sur une patrimonialisation plus structurée des arts plastiques et sa prise en compte par les institutions notamment éducatives. Mansour Abrous, chargé culturel de la Ville de Paris et auteur d'un dictionnaire des artistes plastiques algériens, a dressé un état des lieux très fouillé et très exhaustif sur les espaces de création, les galeries et les manifestations depuis l'apparition des premiers peintres durant la période coloniale. Il met en outre l'accent sur le fait que les artistes algériens sont plus présents par leurs œuvres en dehors de l'Algérie, ce qui pose la question de l'absence d'achat par les musées algériens au point, alerte-t-il, que l'on risque à l'avenir de devoir se rendre à l'étranger pour connaître le patrimoine plastique algérien.
Enfin, Abdelkader Bendamèche, président du Conseil national des Arts et Lettres, a rapporté le travail de patrimonialisation qu'il a initié en 2007 en matière de muséographie à travers la constitution de 37 coffrets consacrés aux grands maîtres de la musique algérienne, un travail qui a été poursuivi par d'autres intervenants.
Cette journée d'études qui s'est tenue le 10 mars dernier à Oran, faisant suite à celle consacrée au patrimoine matériel, le 27 janvier, a permis de mettre en valeur, s'il en était encore besoin, l'immensité et la diversité du patrimoine culturel immatériel de l'Algérie dont la sauvegarde et la promotion ne peuvent se réaliser sans une intensification du travail de recherche et la production de références.
*Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle, Oran.


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