L'enseignant et chercheur Mohamed Touzout a estimé, mardi à Oran, que "tout texte du melhoun sauvé de l'oubli est un acte visant à préserver l'âme du peuple algérien". "Le melhoun est l'âme du peuple algérien. Pour cela, tout texte collecté et préservé de l'oubli est un acte visant à préserver cette âme riche en modes d'expression, en tonalités et en couleurs multiples", a indiqué M. Touzout, invité par l'équipe de recherche "Groupe d'étude et de recherche sur le Melhoun" du Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC), dans le cadre de ses rendez-vous hebdomadaires sur le patrimoine immatériel. Auteur de plusieurs recueils de textes de poésie populaire algérienne comme "Es Sakiya El Khamriya" et "Mine boustan el melhoun", M. Touzout a longuement parlé, devant les chercheurs du CRASC, de sa passion pour le melhoun et de tous les travaux qu'il a menés dans sa quête de textes inédits, de leur traitement et de leur édition. "Le travail de prospection et de collecte est très important et primordial, car il permettra de limiter les dégâts, et toute pièce récupérée est à ajouter au patrimoine existant", a-t-il expliqué. M. Ahmed Amine Delaï, responsable de cette équipe de recherche du CRASC, a souligné la nécessité de "définir les clés permettant d'accéder aux contenus des textes afin de mieux saisir leurs profondeurs et leurs métaphores". Pour ce spécialiste, auteur de nombreux ouvrages et études sur ce patrimoine immatériel, plusieurs chantiers de recherches peuvent être lancés dans le cadre d'une approche académique et universitaire. Il s'agit, entre autres, de la langue des poètes du melhoun, et la création d'un dictionnaire de la langue du melhoun. "La constitution de ce dictionnaire sera un très grand pas vers la préservation de ce genre", a-t-il déclaré. Les autres pistes préconisées par M. Amine Delaï sont la définition des termes techniques relatifs à ce patrimoine, la reconstruction de la morphologie du poème, son architecture et sa métrique. Mohamed Touzout est le troisième spécialiste à être invité par l'équipe du CRASC, après Abdelkader Bendaamèche et Mohamed Benamar Zerhouni.