Le Comité des contractuels de l'éducation menace de recourir à une démission collective. Une réunion des coordinateurs de wilaya se tiendra, aujourd'hui, pour décider des actions à entreprendre pour dénoncer le refus du ministère de l'Education nationale d'accéder à leur revendication d'«une intégration pure et simple des contractuels dans les postes vacants qu'ils occupent». «Le Comité prévoit un rassemblement devant le ministère, dont la date n'a pas encore été fixée. Il y aura éventuellement une grève de la faim. La démission collective sera notre dernier recours. La réunion de demain (aujourd'hui, ndlr) nous fixera sur les actions à entreprendre», a précisé Bachir Saïdi lors d'une conférence organisée, hier, au siège de RAJ à Alger. Au moins 21 700 contractuels et vacataires exercent dans le secteur de l'éducation sans espoir d'intégration. Ces enseignants de «seconde zone» ont exprimé leur refus du concours de recrutement de 28 000 enseignants prévu en avril, par l'organisation d'un rassemblement devant 32 directions de l'éducation. «Pourquoi organiser un concours en pleine austérité alors qu'il est possible d'intégrer directement les enseignants dont certains n'ont pas perçu de salaire depuis un ou même quatre ans», s'interroge le coordinateur des contractuels de Blida, Hocine Boukaftane, faisant remarquer que la ministre de tutelle, Nouria Benghebrit, n'a pas répondu à leur demande d'audience. Dénonçant une situation illégale, favorisée par le système de dérogation qui a force de loi dans le secteur, le président du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), Idir Achour, estime que l'intégration des contractuels et vacataires permettra de répondre à la demande d'un secteur qui verra des départs massifs à la retraite en 2018-2019 (100 000 enseignants). Il y aura pour la prochaine rentrée 25 000 départs ; 3000 enseignants nouveaux seront nécessaires pour l'encadrement de nouvelles infrastructures. Stabilité dans l'instabilité «Pour répondre à toute cette demande, le ministère doit impérativement intégrer les 20 000 contractuels, auxquels s'ajoutent les 28 000 enseignants recrutés par voie de concours. Avec une telle démarche, on pourra en finir avec la précarisation du secteur», estime Idir Achour, dont le syndicat «apporte son soutien» au Comité qui reste autonome. Prenant le contre-pied du discours officiel, le président du CLA estime que l'année scolaire s'est caractérisée par «la stabilité dans l'instabilité». Selon lui, plus de 50% des établissements ont connu des mouvements de protestation «dus à la mauvaise gestion, au manque de moyens et à l'absence de conditions de travail». Le syndicaliste s'est insurgé contre la tendance de la tutelle à l'installation d'au moins six commissions, dont «aucune n'a donné de résultats». La plus importante, la commission chargée de la révision des statuts particuliers du personnel de l'éducation nationale, n'aurait effectué que 20% de son travail. Les critiques du CLA ont concerné la charte d'éthique que le syndicat a refusé de signer et qu'il continuera «à rejeter». Qualifiant le texte de «document de chantage», Idir Achour estime que le secteur «n'a pas besoin d'éthique, mais de moyens». S'agissant de la commission sur le fonctionnement des œuvres sociales, il est tout aussi critique : «Les amendements proposés perpétueront la corruption. Il sera permis de continuer à détourner ‘légalement' l'argent public. La loi n'a jamais parlé de gestion décentralisée. Le fonctionnement des œuvres sociales est illégal depuis 1992.» Revenant sur le travail de l'autre commission chargée des rythmes scolaires, le conférencier met en garde contre une décision de la tutelle de confier le marché de la production des manuels scolaires de deuxième génération aux éditeurs et ainsi «dilapider l'argent public». Le CLA s'insurge, par ailleurs, contre l'accord conclu entre le ministère et les services de sécurité pour lutter contre la violence en milieu scolaire. «On est contre l'intervention des services de sécurité à l'intérieur des établissements. On leur fera face. Il n'est pas question qu'ils mettent les pieds à l'intérieur des écoles. Le traitement de la violence ne doit pas être sécuritaire», estime Idir Achour, pour qui la réponse doit être pédagogique, par le renforcement des effectifs, principalement des adjoints et des corps communs, et l'ouverture de nouvelles infrastructures.