Le retour au refinancement des banques sonne la fin des surliquidités bancaires. En effet, les liquidités bancaires s'affichent en net recul, s'établissant à 1828 milliards de dinars à fin septembre 2015 (près de 17 milliards de dollars) contre 2730,88 milliards de dinars à fin septembre 2014. A l'origine, une baisse drastique des dépôts du secteur pétrolier conséquemment à une contraction plus prononcée que prévu des recettes tirées de la commercialisation des hydrocarbures. Durant les neuf premiers mois de 2015, les dépôts du secteur des hydrocarbures ont baissé de 39% par rapport à la même période en 2014, selon la dernière note de conjoncture de la Banque d'Algérie. Qui dit un retour au réescompte, dit moins de recettes bancaires et plus de sorties, ce qui place les banques, pour la première fois depuis plusieurs années, en situation de débiteurs nécessitant un refinancement par la Banque centrale. Le gouverneur de la Banque d'Algérie, qui était de passage la semaine dernière à la Chambre basse du Parlement, a indiqué que son institution allait revenir au refinancement des banques à travers l'injection des liquidités nécessaires au financement de l'investissement et des PME en Algérie. Certes, le taux de réescompte est de 4% depuis 2001, mais dans un contexte de morosité et de détérioration des indicateurs macroéconomiques, sa révision est envisageable. Elle est tributaire essentiellement de la politique des crédits à laquelle entend s'adonner la Banque centrale. Mais les injections de liquidités ne «devraient pas être traduites par une réduction des réserves de change», a averti Mohamed Laksaci. Autrement dit, le renflouement des comptes bancaires ne devrait pas profiter aux importateurs au détriment de l'investissement. Même en temps d'aisance financière, l'investissement productif était le maillon pauvre d'une économie trop fortement orientée vers la facilité de l'importation. L'investissement budgétaire avait le vent en poupe durant les quinze années du pétrole cher, reléguant l'investissement économique et productif au second palier des priorités. Les banquiers, alors en situation de surliquidités, avaient une épée de Damoclès au-dessus de leur tête : les règles prudentielles de la Banque d'Algérie et une porte de prison entrouverte, tant une simple erreur de gestion relevait encore du pénal. Se pose alors la question de savoir si les banquiers de la place vont enfin oser en période de sous-liquidités ce qu'ils n'eurent pas cru possible en temps de surliquidités. Il est très improbable que le dispositif de réescompte puisse venir à bout de la désaffection des banquiers pour le financement de l'investissement. Car les crédits à l'investissement productif étaient un des maillons faibles de l'économie, même en temps d'aisance financière. Plus vraisemblablement, les vieux réflexes auront encore la peau dure. Ils sont la résultante à la fois des tergiversations en matière de réforme bancaire et financière, d'un engagement peu ressenti en faveur de l'économie productive et d'un secteur pétrolier omniprésent dans les mœurs économiques et budgétaires.