Même si l'enquête belge semble progresser, deux suspects des attentats de mardi, revendiqués par l'organisation Etat islamique (EI) et qui ont fait au moins 31 morts et 300 blessés, sont toujours dans la nature. Des médias belges et internationaux rapportaient d'ailleurs hier que la cellule terroriste bruxelloise responsable des attentats de mardi avait prévu une attaque à l'arme de guerre dans les rues de Bruxelles, type 13 novembre à Paris, et la fabrication d'une bombe «sale» radioactive après une surveillance vidéo par deux des kamikazes, les frères El Bakraoui, d'un «expert nucléaire» belge. Le gouvernement belge, accusé de laxisme, a promis de faire «toute la lumière» sur ces attaques. La police continue à traquer au moins deux hommes repérés sur des images de vidéosurveillance avec les trois kamikazes qui ont semé mardi la mort à l'aéroport international de Bruxelles et à la station de métro de Maelbeek, en plein quartier européen. Dans la nuit de jeudi à vendredi, elle a interpellé six personnes dans le cadre de l'enquête. Trois d'entre elles étaient «devant notre porte», a précisé un porte-parole du parquet fédéral dont les bureaux se trouvent en plein centre de Bruxelles, près du Palais de justice. Ces trois personnes étaient à bord d'une voiture mais aucun détail n'a filtré sur les motifs de leur présence en face du bâtiment du parquet fédéral. De son côté, le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a annoncé que les services ont mis «en échec un projet d'attentat conduit à un stade avancé», après l'interpellation jeudi soir d'un homme lié à la mouvance djihadiste qui a conduit à la découverte d'explosifs dans un appartement d'Argenteuil dans la région parisienne. Ce Français de 34 ans, ayant résidé à Bruxelles, Reda Kriket, un ancien braqueur, avait été condamné par contumace avec Abdelhamid Abaaoud — organisateur présumé des attentats de novembre à Paris — en juillet 2015 à Bruxelles dans un procès de filière djihadiste vers la Syrie, selon des sources policières françaises. Projet d'attentat «avancé» déjoué en France Jeudi, la polémique avait enflé sur les ratés dans le suivi d'un des suspects, intercepté puis expulsé par la Turquie l'été dernier. Le gouvernement belge a toutefois refusé la démission des ministres de l'Intérieur et de la Justice, Jan Jambon et Koen Geens, qui avaient reconnu des «erreurs». «Il ne pourra pas y avoir d'impunité. Il ne pourra pas y avoir de zones d'ombre», a insisté M. Michel, sur la défensive après que la Turquie ait regretté le manque de réaction des autorités belges suite à l'expulsion d'Ibrahim El Bakraoui, en liberté conditionnelle après sa condamnation pour un braquage, qui s'est fait exploser à l'aéroport. Il avait été intercepté en juin 2015 non loin de la frontière syrienne, avant d'être expulsé le 14 juillet vers la Belgique via les Pays-Bas. Il a ensuite disparu, bien que la Belgique ait été «informée que cet individu était un combattant terroriste étranger», selon le président turc Recep Tayyip Erdogan. Faux, a répliqué le ministre belge de la Justice : «Nous avons seulement été avertis après l'atterrissage de l'avion à (l'aéroport d'Amsterdam) Schiphol, donc c'était fort compliqué de l'arrêter là.» Les noms des deux frères Khalid et Ibrahim El Bakraoui, qui se sont respectivement fait sauter dans le métro de Bruxelles et à l'aéroport, figuraient dans les fichiers antiterroriste US, croyait par ailleurs savoir la chaîne de télévision américaine NBC. Ces remous font surface au moment où le travail d'identification des tués progresse très lentement : les noms de seulement quatre d'entre eux sont aujourd'hui connus. Frappée dans sa capitale, l'Union européenne a par ailleurs une nouvelle fois été pointée du doigt pour sa lenteur à mettre en place un système efficace d'échange de données et de renseignements, lutter contre le trafic d'armes ou introduire un registre européen de passagers aériens (PNR).