Comment changer de pays ? C'est en gros ce à quoi pense Chaâbane à 12 jours de la sortie. Même s'il est trop tard et qu'il fallait le faire il y a 15 jours ou à la réelection de Bouteflika ou encore en 1992. Mais bref. Chaâbane a envie de tout quitter, surtout sa nouvelle femme qui ne parle même pas l'anglais. Chaâbane est sorti, triste comme un Ramadhan. Il a acheté deux journaux. Il a appris qu'un journaliste avait été condamné pour diffamation à de la prison pour une affaire qui remonte à 9 ans. En 1995 donc, même pas avant la guerre. Bien sûr, comme d'habitude, on se demande toujours ce qui serait arrivé à ce journaliste s'il avait posé une bombe dans un endroit public. Liberé ? Sûrement. Parce que tuer n'est pas de la diffamation puisque les victimes ne peuvent pas déposer plainte. Il n'y a donc pas délit. Mais bref, a pensé Chaâbane, heureusement qu'il y a les journaux pour annoncer que des journalistes sont condamnés, sinon on ne le saurait même pas, l'ENTV et la radio préférant parler du beau temps qui flotte tous les jours sur la Présidence, même si le reste de la population est sous de gros nuages gris. Heureusement qu'il y a des journaux donc, sinon on ne saurait même pas qu'il n'y a plus de journaux. Mais à l'inverse, il n'y aurait pas de journaux, il n'y aurait pas de journalistes à condamner. C'est sûrement à cette seconde logique que doivent penser les autorités. Encore que les dirigeants sont bien capables d'emprisonner les journalistes même s'il n'y a pas de journaux. Ils ont bien assassiné des opposants politiques sans qu'ils n'aient un parti, a commenté Laïd, à voix très basse. Mais bref. La politique ne nourrit pas son homme, contrairement à la prison. En plus, il est l'heure de manger. Saha ftoro.Com.