La question du dépistage du cancer colorectal a été décortiquée, jeudi passé, lors du premier colloque sur le cancer colorectal, organisé par le service d'épidémiologie, et de médecine préventive, du centre hospitalo-universitaire Dr Benbadis de Constantine. En effet, le cancer colorectal est la deuxième cause de décès en Algérie. L'événement entre dans le cadre de la mise en application des stratégies initiées par le Plan national de lutte contre le cancer. Mais en pratique, qu'en-est-il du dépistage ? Pour répondre à cette interrogation, les communicants se sont basés sur les données épidémiologiques collectées auprès de patients du CHU afin de développer une stratégie adaptée à la wilaya. En 2014, 140 cas de cancer colorectal ont été enregistrés au CHU de Constantine, avec une incidence brute de 13,51 pour 100 000 habitants, données communiquées lors de la présentation du Dr Imen Deneche, intitulée «Qu'en est-il du cancer colorectal à Constantine ? Données du registre de la wilaya de Constantine». Des résultats qui restent préliminaires dans l'attente d'un bulletin officiel. Les statistiques sont le talon d'Achille de la politique nationale de lutte contre le cancer. Il faut savoir que selon le Plan cancer 2015-2019, l'Algérie possède 14 registres de cancers, qui couvrent 40% seulement de la population et certains types de cancers manquent cruellement de chiffres. En Afrique, il existe 54 registres qui sont agréés par l'Association internationale de recherche sur le cancer (IACR) et parmi lesquels sept sont des membres votants, parmi ces sept, deux sont Algériens, ceux d'Alger et de Sétif. Quant au registre de Constantine, il fait partie des huit registres «individuels» qui évoluent en dehors de l'association, mais qui restent membres associés à côté des registres d'Annaba, Batna, Mascara, Oran et Sidi Bel Abbès. A Constantine, le cancer colorectal, comparativement aux autres cancers, apparaît à un âge plutôt jeune, 50 ans chez les hommes et 54 ans chez les femmes, d'où l'intérêt d'un dépistage précoce. Selon le Pr Djamel Zoughailech, «le dépistage précoce du cancer colorectal et celui de l'utérus réduit de 20% la mortalité». Mais pour que le dépistage soit efficace, il est nécessaire que le taux de participation de la population soit supérieur à 40%. En effet, une survie de 94% est constatée lorsque le cancer colorectal est diagnostiqué au premier stade, selon la communication du Dr Z. Kassama, qui portait sur «Le cancer colorectal : point de vue d'hépato-gastro-entérologue». Mais, hélas, actuellement la majorité des cas (80%) sont diagnostiqués au stade trois et quatre. Pour pallier ce fléau, une stratégie d'approche intelligente et cohérente de la population s'impose afin de sensibiliser cette dernière à l'utilité du dépistage. Mais faut-il encore que les moyens (tests immunologiques et Hemocult) soient entièrement disponibles pour que l'action soit efficace !