Le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, a prévenu jeudi l'ONU d'un risque de reprise des hostilités avec le Marocsi la Mission des Nations unies (Minurso) se retrouve dans l'incapacité à assumer pleinement son mandat, a rapporté hier l'APS, citant l'agence de presse sahraouie (SPS). Si le Conseil de sécurité n'exerce pas «une pression réelle et directe» sur le Maroc en permettant à la Minurso de reprendre son travail et son mandat pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination, ce sera «un feu vert à une agression militaire» du Maroc contre les Sahraouis, a indiqué Mohamed Abdelaziz dans une lettre adressée au secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon. Et de poursuivre : «Le peuple sahraoui sera alors de nouveau contraint de défendre ses droits par tous les moyens légitimes, y compris la lutte armée qui est légalisée par l'ONU pour tous les peuples colonisés.» Lors d'une tournée dans la région, début mars, Ban Ki-moon a provoqué l'ire de Rabat en parlant d' «occupation ». En représailles, le Maroc a expulsé la quasi-totalité des experts civils de la Minurso et procédé à la fermeture d'un bureau de liaison militaire. «Les 15 pays membres, explique-t-il, doivent renouveler à la fin du mois le mandat de la Mission sur la base d'un rapport de Ban Ki-moon relatif à sa récente visite dans la région. Rapport dont la publication est déjà retardée d'une semaine.» Par ailleurs, de nombreux députés espagnols ont appelé le gouvernement à défendre devant les Nations unies le respect des droits de l'homme et du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, dans une déclaration présentée jeudi à Madrid. Signée par douze partis représentés au Parlement, disposant de 228 élus sur 350, mais sans le Parti populaire au pouvoir, la déclaration fait suite à l'expulsion par le Maroc de la quasi-totalité des experts de la Minurso. Les signataires souhaitent que l'Espagne, l'ancienne puissance coloniale, appuie le «référendum d'autodétermination libre et démocratique pour le peuple sahraoui» et demande pour la Minurso «un mandat pour la supervision des droits de l'homme» et «la libération de tous les prisonniers politiques sahraouis». Pour Mohammed Ali Salem, de la délégation du gouvernement de la République sahraouie en Espagne, ce texte présente des lacunes. Le responsable sahraoui revendique «un calendrier pour un référendum» et que «l'on reconnaisse à la délégation du Polisario un statut diplomatique». Joug Ancienne colonie espagnole, le Sahara occidental a été annexé en 1975 par le Maroc. Le Front Polisario réclame l'indépendance du territoire à travers un référendum d'autodétermination, alors que le Maroc offre une autonomie sous sa souveraineté. Entre 1980 et 1987, le Maroc construit un mur militarisé qui partage en deux le territoire sahraoui. Un cessez-le-feu est signé sous l'égide de l'ONU en 1991, à la condition qu'un référendum d'autodétermination soit organisé.Rabat propose comme solution une autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine. Option rejetée par les Sahraouis, qui souhaitent l'indépendance. Envoyé spécial de l'ONU au Sahara occidental, James Baker présente un plan en 2003 qui prévoit un régime d'autonomie pour une durée de 5 ans, suivi d'un référendum comportant l'option de l'indépendance. Les électeurs seront les Sahraouis et toute autre personne de plus de 18 ans et vivant au Sahara occidental depuis au moins 4 ans. Accepté par le Polisario, le plan est rejeté par le Maroc. D'où la démission de Baker en 2004. En juin 2007 s'ouvre la première session des pourparlers entre le Maroc et le Front Polisario en présence des Etats voisins, à savoir l'Algérie et la Mauritanie à Manhasset (New York) sans aboutir jusque-là à une solution. Lors de sa visite, le 6 novembre dernier, dans les territoires occupés (El Ayoun), le roi du Maroc, Mohammed VI, a déclaré que son pays fera face «avec fermeté à toute tentative visant à contester l'exercice de la plénitude de ses pouvoirs sur son territoire» et «il se leurre celui qui attend du Maroc qu'il fasse toute autre concession». Le choix de la date de la visite, le 6 novembre, marquait le 40e anniversaire de la «marche verte». Ce jour-là en 1975, à l'appel du roi Hassan II, 350 000 Marocains protégés par les soldats du royaume, traversaient les frontières du Sahara occidental occupé par l'Espagne. Pour les Sahraouis, cette date symbolise quatre décennies de colonialisme marocain. La Minurso est la seule mission de maintien de la paix sans mécanisme de surveillance des droits de l'homme, qui se contente de surveiller un cessez-le-feu conclu en 1991. Fin avril 2015, le Conseil de l'ONU a adopté la résolution portant prorogation d'un an du mandat de la mission onusienne au Sahara occidental. Coparrainée par les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et l'Espagne, elle est adoptée à l'unanimité des 15 membres du Conseil, sans intégrer la revendication sahraouie qui consiste à élargir le mandat de la Minurso à la protection des droits de l'homme.