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Un formidable révélateur de mémoires
Ouvrage. Une enfance dans la guerre : Algérie 1954-1962
Publié dans El Watan le 19 - 04 - 2016

La petite histoire personnelle illustre parfaitement la grande Histoire. Leïla Sebbar l'a bien compris qui continue à donner à lire la guerre d'Algérie par le petit bout de la lorgnette, sans pathos ni effet de style.
Ici, dans cette nouvelle production Une enfance dans la guerre Algérie 1954-1962 (Editions Bleu autour, mai 2016), les témoins du conflit revoient l'histoire à travers leurs yeux d'enfants. Ils «relatent les événements tels qu'ils les ont vécus, tels qu'ils les ont retenus, tels qu'ils les ont plus ou moins déformés».
Leïla Sebbar avait déjà supervisé, pour la même maison d'édition, le superbe livre L'enfance des Français d'Algérie avant 1962 (2014).
Elle récidive aujourd'hui avec un panel élargi puisqu'au-delà des Français, elle a demandé à des Algériennes et Algériens de parler de la guerre. Cela donne 47 textes courts mais denses.
Après avoir lu l'ouvrage, les phrases s'accrochent dans la tête. Ainsi, les mots de Nora Aceval, de père d'origine espagnole et de mère algérienne : «Nous, enfants de l'Arabe et du Pied-noir, nos deux moitiés étaient en guerre».
Elle rappelle la mort du chanteur Ali Maâchi et de deux révolutionnaires, «criblés de balles et suspendus par les pieds aux branches d'un platane de la place Carnot à Tiaret (…)». Mais aussi, pour cette famille nationaliste, la menace des «justiciers arabes de l'ombre qui, armés de couteaux, s'apprêtaient, en toute bonne conscience, à régler son compte à (sa mère), une des leurs qui avaient épousé un pied-noir».
Christiane Chaulet Achour se souvient pour sa part d'une visite à son frère Pierre Chaulet, incarcéré : «On constate que devant Barberousse des Européennes se sont détournées ostensiblement de nous : manifestement, je ne le comprendrai que plus tard, nous ne venions pas voir le même type de prisonniers».
A ceux qui la regardent comme pied-noire, elle répond qu'elle pense «Algérie
algérienne» : «On n'écoute pas les discours de de Gaulle, on ne vibre pas à tous les événements» (…) «La fin de cette guerre pour moi c'est l'indifférence des Français et leur méconnaissance de l'Algérie. Cela n'a guère changé pour la majorité d'entre eux. Est-ce pour cette raison que l'Algérie coloniale est un passé qui ne passe pas ?»
Pour Joëlle Bahloul, «si c'était la guerre, elle était ambiguë. Sur fond de désirs historiques différents, d'aspirations politiques et sociales divergentes, les lignes de séparation et d'animosité demeuraient floues». Elle parle de son oncle, gardien de prison à Sétif assassiné en1961 : «Il fut victime d'une erreur, proclamèrent les dirigeants locaux du FLN qui cherchaient à convaincre les juifs de Sétif qu'ils n'étaient pas visés par cette attaque».
«Quand vint l'indépendance, la joie enterra les morts et les disparus»
A ce propos, Yahia Belaskri est plus cynique : «Quand vint l'indépendance, la joie enterra les morts et les disparus, femmes et hommes s'assirent sur leurs cadavres, sans remords. La fête fut longue et joyeuse». Il ajoute, amer : «Si je n'ai pas eu d'enfance ni de jouets, c'est que l'Algérie advenait au monde. Et moi avec.»
Maïssa Bey se souvient justement que «la guerre n'est pas un jeu». Elle se souvient que c'était «une voix», celle de la radio du FLN qu'écoutaient les adultes le soir. Elle se souvient aussi qu'il fallait se taire : «Ne pas évoquer l'oncle, âgé d'à peine seize ans, disparu une nuit. Ne pas s'étonner de ne plus voir sa photo dans le cadre, sur la cheminée.
Ni nulle part ailleurs.(…) Tendre l'oreille pour écouter ce que disent les femmes aux militaires venus une nuit fouiller la maison et rechercher l'oncle».
Et Jacqueline Benoit, petite fille, se la joue progressiste : «J'opte pour la rébellion. Je m'arrange pour porter un pull vert ? Ma mère ignore mon plan. Elle n'y verra que du bleu. En arborant la couleur de l'ennemi, je signe ma déclaration de guerre. J'essuie les injures de certaines filles européennes : Sale FLN ! Sale bougnoule ! J'assume. Mon plan fonctionne au-delà de mes espérances.
Enfin, je suis considérée comme une autochtone, une indigène. La couleur locale a dépassé le vert de l'insurrection. La roumia blonde affirme l'identité de sa terre, hors de toute politique».
Beaucoup d'autres témoignages, tous de trois à quatre pages, nourrissent un livre véritablement réussi car c'est dans l'enfance de chacun que se crée une image ineffaçable du bouleversement. Pour les Algériens, on lit ainsi avec émotion les textes de Mehdi Charef, Wassini Laredj, Abdelkader Djemaï, Tassadit Yacine, Areski Metref, Djilali Bencheikh, Vincent Colonna, chacun dans une zone différente du pays et avec une tranche d'existence douloureuse qu'ils partagent avec nous.
Une exploration qu'on peut conclure, ou introduire, c'est selon !, avec cette citation de
Mohamed Kacimi : «Juillet 1962, fête de l'indépendance. Enfants, nous n'avions pas vu, pas connu la guerre, mais elle était au plus profond de nous.»


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