Aujourd'hui, lundi 25 avril, jour commémorant la restitution du Sinaï par Israël en 1982, plusieurs mouvements laïques et de gauche ont appelé à manifester contre la politique du gouvernement. Le président-maréchal Abdelfattah Al Sissi a prévenu hier que la police et l'armée allaient être fermes vis-à-vis des manifestations prévues aujourd'hui à l'appel de mouvements d'opposition laïques et de gauche. Depuis que M. Al Sissi, alors chef de la toute-puissante armée, a destitué, en 2013, l'islamiste Mohamed Morsi, premier président démocratiquement élu en Egypte, son régime a tué des centaines de manifestants pro-Morsi mais aussi emprisonné de nombreux opposants laïques et libéraux. Aujourd'hui, lundi 25 avril, jour férié commémorant la restitution du Sinaï par Israël en 1982, plusieurs mouvements laïques et de gauche ont appelé à manifester contre la politique du gouvernement, prenant prétexte, selon les experts, de la rétrocession controversée il y a deux semaines de deux îles de la mer Rouge, Tiran et Sanafir, à l'Arabie Saoudite. Or, depuis 2013, toute manifestation non autorisée par le ministère de l'Intérieur est réprimée. Les mouvements contestataires, essentiellement de jeunes ayant mené la révolte populaire de 2011 qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir, ont annoncé qu'ils braveraient cette interdiction. Depuis quatre jours, la police multiplie les arrestations préventives, notamment lors de rafles dans le centre-ville, dénoncées par des ONG et un collectif d'avocats. «Je vois qu'il y a des gens qui appellent à nouveau à porter atteinte à la sécurité et à la stabilité» de l'Egypte, a lancé M. Al Sissi lors d'un discours télévisé. «Notre responsabilité est de protéger la sécurité et la stabilité des institutions et je promets aux Egyptiens que personne ne les terrorisera encore, c'est la responsabilité de la police et des forces armées», a-t-il averti. «La sécurité et la stabilité de la patrie (...) constituent une ligne rouge et aucune tentative d'y porter atteinte ne sera tolérée», a renchéri, dans un communiqué, le ministre de l'Intérieur Magdy Abdel Ghaffar, menaçant : «Les services de sécurité (...) feront face avec une extrême fermeté à toute action de nature à perturber l'ordre public.» Les organisations internationales de défense des droits de l'homme, dont Amnesty International et Human Rights Watch, accusent régulièrement le pouvoir d'Al Sissi de réprimer toute opposition dans le sang, multipliant disparitions forcées et actes de torture. En 2013, policiers et soldats avaient tué plus de 1400 manifestants réclamant le retour de M. Morsi, dont près de 800 en quelques heures au centre du Caire le 14 août.