Un climat de violence plane sur l'université Mohand Oulhadj depuis l'interdiction des activités liées à la célébration du Printemps berbère. La violence et l'insécurité règnent ces derniers jours à l'université Akli Mohand Oulhadj de Bouira. Hier, une bataille rangée entre étudiants a perturbé la quiétude du campus universitaire. Des étudiants adhérant à plusieurs organisations, dont l'Union générale des étudiants libres (UGEL), épaulés par des personnes étrangères, ont attaqué violemment ceux du département de langue et culture amazighes (DLCA), témoignent des étudiants rencontrés sur place. «Ils étaient armés de bâtons, de chaînes en fer et même d'armes blanches et se sont attaqués à des étudiants du département qui ont juste dénoncé l'attitude de l'administration refusant de sanctionner le responsable de la sécurité au niveau de notre université», témoigne un des membres du collectif libre de l'université. On dénombre une dizaine de blessés. Un étudiant a même été évacué aux urgences de l'établissement hospitalier Mohamed Boudiaf vu la gravité de ses blessures, précisent-ils, dénonçant au passage le recours à la violence de ces «organisations satellites» et de l'administration visant à empêcher toute action initiée par les étudiants du département de langue et culture amazighes. Cette situation inquiétante reflète et illustre parfaitement la défaillance de l'administration de l'université, incapable de trancher sur un incident gravissime soulevé par la communauté estudiantine qui ne cesse de réclamer le départ du responsable de la sécurité. Ce dernier serait, selon nos interlocuteurs, un ex-responsable de l'UGEL au niveau de l'université. Les étudiants dudit département, épaulés par leurs camarades des autres facultés, ont décidé depuis avant-hier de recourir à un mouvement de grève illimitée pour dénoncer le «silence» de l'administration et traduire l'auteur d'une agression contre un étudiant du DLCA survenue la veille de la célébration du Printemps berbère. L'inquiétude et la peur se lisaient sur les visages. «Nous exigeons le départ du responsable de la sécurité et le renforcement des mesures de sécurité. Notre université risque de plonger dans la violence», lancent les étudiants en grève. L'incident survenu hier est qualifié de «gravissime» par la communauté estudiantine. «Nous avons décidé de recourir à un mouvement de protestation pour dénoncer le silence de l'administration et personne ne pourra nous empêcher de protester», disent-ils. Ils accusent le recteur de l'université d'être à l'origine de ces incidents dès lors que «c'est lui qui a fait appel à des agents de sécurité pour empêcher la tenue d'une conférence la veille de la célébration du Printemps berbère». La conférence que devaient animer deux étudiants venus de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou a été empêchée par des agents de sécurité mobilisés par l'administration. Pour rappel, des échauffourées avaient éclaté entre les deux parties, causant des blessures à un étudiant. L'administration avait tenté vainement d'annuler une autre conférence animée par l'un des acteurs d'Avril 1980, Saïd Khelil. La rencontre a eu lieu après un forcing exercé par la communauté estudiantine. «L'administration cherche à étouffer l'affaire, dès lors que l'agresseur a repris du service comme si de rien n'était», dénoncent encore des étudiants du DLCA. Le collectif des étudiants libres de l'université Akli Mohand Oulhadj annonce l'organisation d'une marche pour dénoncer l'insécurité régnant au sein de l'université.