Une année après l'entrée en vigueur de l'Accord d'association avec l'Union européenne, plusieurs observateurs estiment que l'Algérie n'en a pas tiré profit. Nombre d'entre eux considèrent que la réussite de cet accord est tributaire de la libre-circulation des personnes. Il en est ainsi de Me Nadir Hacène, docteur en droit communauté et expert auprès du ministère du Commerce pour le programme d'accession de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). « Il est impératif que les opérateurs économiques de part et d'autre puissent circuler librement dans l'espace euroméditerranéen », a-t-il affirmé en substance. Me Nadir Hacène trouve qu'il est même nécessaire de créer un visa euroméditerranéen. Il a relevé que là n'est pas le seul point en défaveur de notre pays. Selon lui, l'Algérie n'a pas tiré de dividendes des différents programmes d'assistance européens. « Le MEDA I était un fiasco complet. Le MEDA II était un semi-fiasco. Les trois quarts de l'argent de ce programme partaient aux pays de l'Europe de l'Est qui sont plus attractifs », fera-t-il remarquer. S'exprimant mercredi dernier lors d'une conférence sur « Les engagements internationaux de l'Algérie : l'accord d'association avec l'Union européenne et l'accession à l'OMC » organisée au siège du Front des forces sociales (FFS), le conférencier, tout en défendant les capacités humaines et financières de l'Algérie à mettre à niveau son économie de telle sorte à devenir concurrentielle, a mis en évidence la passivité politique dans laquelle se complaisent nos dirigeants. Me Nadir Hacène estime, ainsi, que l'Etat algérien tarde toujours à faire le nécessaire pour aider le tissu économique national à se mettre à niveau et, par ricochet, à devenir compétitif. Cela n'est guère impossible eu égard au potentiel dont il dispose. Et de citer les secteurs du tourisme et de l'agriculture qui, selon lui, peuvent constituer le fer de lance de l'économie nationale. Dans cette optique, il a suggéré de s'inspirer des expériences de nos voisins immédiats. « La Tunisie a bien développé son secteur touristique. Notre voisin marocain a réussi à s'imposer dans un marché où pourtant la concurrence, notamment européenne, est rude », a-t-il souligné pour étayer ses propos. Le conférencier est convaincu que tout dépendra de la volonté politique des pouvoirs publics pour que l'Algérie réussisse son développement économique à même de pouvoir faire face à la concurrence internationale. Pour lui, ce n'est que de cette manière que seront levés les obstacles qui empêchent les opérateurs économiques qu'ils soient algériens ou étrangers d'investir. Parmi ces obstacles, il évoquera la bureaucratie et la corruption qui gangrènent les institutions nationales. Par ailleurs, l'orateur a rappelé que l'Etat dispose de mécanismes qui lui permettent d'intervenir pour faire respecter les dispositions contenues dans l'accord d'association avec l'UE. Aussi, il est de son devoir d'éviter à l'Algérie de devenir la poubelle de l'Europe. D'après lui, l'équipe algérienne qui a négocié pour la signature de cet accord a bien défendu les intérêts du pays. Les opérateurs algériens ont bénéficié d'une période de grâce de dix ans pour se préparer et amortir les retombées du démantèlement tarifaire. L'expert soulignera, cependant, qu'il aurait été plus approprié de devancer la signature de cet accord par l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. Dans le contexte actuel, les engagements de l'Algérie avec la communauté européenne freinent les négociations en cours pour intégrer cette entité, a-t-il conclu.