C'est une mosquée, pas une zaouïa. Vous avez le droit de prier deux prosternations (rakaâ) pas plus, mais vous n'avez pas le droit d'être honoré.» C'est avec cette sèche rebuffade que Chakib Khelil, ancien ministre de l'Energie, a été interpellé, hier, par Samir Belarbi, activiste islamiste et ancien membre du mouvement Barakat, à la mosquée Sidi Brahim Bentoumi, avons-nous constaté sur place. Entouré de plusieurs membres de sa famille qui l'accompagnent dans ses déplacements aux zaouïas, Chakib Khelil a eu droit à une véritable leçon de morale : «Dans la mosquée, on honore les hommes de savoir, du Coran et de la morale. Vous n'en faites pas partie. Au contraire, vous avez des problèmes avec la justice. Allez assainir votre situation et puis venez prier comme vous voulez chez nous», a lâché le même récalcitrant avant qu'il ne soit expulsé, manu militari, de la mosquée. Un incident qui semble avoir affecté Chakib Khelil et sa délégation, les poussant à quitter la mosquée, sans même effectuer la prière du vendredi, préférant aller déjeuner à l'hôtel El Mountazeh de Séraïdi. Comme une traînée de poudre, l'information s'est répandue immédiatement dans la wilaya de Annaba et a secoué la quiétude caractérisant généralement cette première journée du week-end. D'autant plus qu'elle a été confirmée par une vidéo postée sur les réseaux sociaux. De son côté, Aïssa Amrouci, le directeur d'exécutif du bureau de Annaba du parti Al Adala, s'est fendu d'un communiqué où il a dénoncé énergiquement cette visite. «Nous exigeons de cesser de glorifier et de tenter de blanchir devant l'opinion publique ceux qui sont à l'origine de la faillite du pays (…). D'arrêter l'application du principe du deux poids et deux mesures quant à l'utilisation des lieux de culte à des fins politiques. Nous dénonçons également l'attribution de ce rôle aux zaouïas qui, après avoir cautionné le 4e mandat, sont devenues l'un des instruments de l'Etat», a-t-il écrit. Arrivé jeudi à Annaba, Chakib Khelil a été accueilli à l'hôtel Sabri, où un dîner a été organisé en son honneur, en présence de personnalités politiques et civiles. Et si Tarcha, l'imam de la zaouïa Al Alaouia, a pris part à ce dîner en priant pour lui, il ne l'a cependant pas accueilli à sa zaouïa le lendemain. Hier matin, l'indésirable hôte de Annaba a, par ailleurs, rendu visite au moudjahid Amar Benaouda. Dans sa résidence, l'ancien ministre a offert à celui qui fut l'un des membres du groupe des «22» un burnous en guise de cadeau. Avant de rentrer à Alger, il s'est déplacé à la basilique Saint-Augustin. Sur place, il a été reçu par le père qui lui a fait visiter les lieux.