L'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, continue sa soi-disant quête de spiritualité en faisant le tour des zaouïas. Une manœuvre qui frise le ridicule tant elle ne cadre pas avec le personnage loin de ces «bondieuseries» moyenâgeuses, mais plutôt adepte des réunions mondaines bien arrosées dans certaines capitales occidentales. Cette agitation de l'ancien ministre «fuyard», réhabilité par le clan présidentiel malgré les forts soupçons de corruption dans les affaires Sonatrach et Saipem, a passablement dérangé l'opposition au régime actuel et l'opinion publique. Au point où certains ont vu, dans cette initiative de l'ami personnel du Président, une volonté de se placer comme le candidat désigné par le pouvoir pour succéder à Bouteflika. Sauf que Chakib Khelil ne réunit pas les conditions nécessaires pour postuler à la magistrature suprême. Sa femme est Américano-Palestinienne, donc étrangère, et il n'a pas résidé durant dix ans d'affilée en Algérie. Les quatre dernières années, il les a vécues à Washington, aux Etats-Unis. Or, selon la Constitution amendée en 2016, «pour être éligible à la présidence de la République, le candidat doit attester de la nationalité algérienne d'origine unique du conjoint». Et «il doit justifier d'une résidence permanente exclusive en Algérie durant un minimum de dix années précédant le dépôt de candidature». A moins d'un amendement express de la Constitution, ce qui est improbable, la supposée candidature de Chakib Khelil n'est qu'un leurre. Une diversion utilisée par le clan présidentiel pour faire oublier la question essentielle de la santé du président Bouteflika, dont les dernières images ont plongé dans l'émoi l'opinion publique et la classe politique. Le sujet est classé secret d'Etat. Les enjeux sont énormes. La pérennité de l'Etat, l'avenir démocratique du pays et son développement économique passent au second plan. Seule compte la protection des intérêts sordides des clans au faîte du pouvoir. Il n'est pas question pour eux de laisser la succession de Bouteflika à la sanction des urnes. Trop risqué ! Tout sera réglé comme du papier à musique. Comme d'habitude ! Le système est bien rodé pour ça. Par ailleurs, Chakib Khelil fait du bon boulot, même s'il paraît clownesque, en réactivant les zaouïas. Ces entités religieuses peuvent avoir un impact non négligeable sur l'électorat islamiste et conservateur. Plusieurs milliards de dinars ont d'ailleurs été distribués à de nombreuses zaouïas à travers le pays.