Ce titre s'inspire évidemment du titre du roman du grand écrivain Gabriel Garcia Marquez dans lequel il décrit la lente agonie, grotesque et terrible à la fois, d'un dictateur latino-américain. Le régime algérien actuel n'a rien à envier en termes de ridicule au régime du général Zacarias du célèbre romancier. Comment en est-on arrivé là ? Comment peut-on supporter cette image d'un Président à ce point malade qu'une seule photographie de lui, alors qu'il est censé être en pleine possession de ses moyens puisque rencontrant pour d'importantes négociations un Premier ministre étranger, a fortiori représentant de premier plan de l'ex-puissance coloniale, fasse à ce point scandale ? Comment les autorités et les courtisans du régime peuvent-ils encore oser recourir sans mourir de honte et sans insulter l'intelligence de millions de leurs propres concitoyens à l'inénarrable explication du «complot étranger pour déstabiliser le pays» ? Et pourquoi donc se précipiter chez cet «ennemi de l'étranger», si nuisible supposément à la nation, pour s'y faire opérer ou, plus scandaleux encore, pour des examens qualifiés officiellement de «routine», donc, doit-on comprendre, infaisables en Algérie plus d'un demi-siècle après la libération ? Assez ! Tant d'Algériens, tant pendant la guerre d'indépendance que durant les années quatre-vingt-dix, auraient-ils sacrifié leur jeunesse, perdu leur liberté, auraient-ils été torturés ou tués uniquement pour aboutir à cette caricature de république dont se moque le monde entier ? Alors que le pays n'a jamais été autant en danger, que les effroyables blessures de la décennie dite noire sont loin d'être pansées, et que le terrorisme le plus abject de Daech et d'Al Qaîda le menace à l'intérieur et sur presque toutes ses frontières, il est temps que cesse cette dangereuse situation d'Etat sans foi ni loi, ne prenant même plus la peine de dissimuler qu'il se fiche comme de sa première chemise du respect minimal dû au peuple et aux institutions. L'homme diminué qui «occupe» actuellement le fauteuil de Président mérite, à l'instar de n'importe quel malade, toute notre compassion ; la fonction présidentielle est, par contre, une institution qui ne supporte aucune faiblesse et celui qui la représente doit être, au minimum, en possession de l'entièreté de ses facultés, tant physiques que mentales. Il n'est pas besoin de rappeler que la Constitution algérienne, dans toutes ses versions, même les plus malmenées, le précise explicitement. Il est vrai qu'il n'y a pas grand-chose à attendre d'un Conseil constitutionnel ou d'un Parlement algériens qui n'ont jamais donné l'exemple du courage civique. Il ne faudrait pas ajouter aux tares habituelles du système de gouvernement algérien la bouffonnerie, insupportable de mépris envers les citoyens, du théâtre d'ombres qui se joue actuellement à la tête de ce pays entre des marionnettistes plus ou moins cachés et des acteurs prétendants-prédateurs à la magistrature suprême, théâtre sordide d'avidité et de cupidité où d'aucuns se prennent à injurier leurs concurrents présumés au moyen d'un vocabulaire digne des voyous politiques qu'ils sont en réalité. Quand on considère, en outre, les nombreuses affaires de corruption et de scandales financiers, tels les Panama Papers, qui empuantissent l'atmosphère politique et sociale de notre pays, on ne peut s'empêcher de penser au motif sinistre des vautours, présent au début et à la fin du roman de Marquez. Menacée de toutes parts, mal gouvernée par un pouvoir cynique n'hésitant pas à tordre à son profit les institutions judiciaires, constitutionnelles et même religieuses, l'Algérie n'a pas les moyens de se payer, en plus, le luxe d'une longue, cruelle et indigne fin de règne à la Franco ou à la Bourguiba. Oui, répétons-le, il est vraiment urgent que se termine cette nouvelle provocation envers le peuple algérien !