La cour de justice de Boumerdès a décidé hier de reporter au 15 juin le procès en appel de l'affaire de harcèlement sexuel qui oppose une employée de l'Agence nationale d'études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (Anesrif), contre le directeur des ressources humaines de cette institution. Le report a été justifié par «l'absence de plusieurs témoins». Pour rappel, le scandale a éclaté lorsqu'une secrétaire, la plaignante du harcèlement sexuel, a décidé de porter plainte contre le DRH de l'Anesrif au niveau du tribunal de Rouiba. Le procureur avait requis 6 mois de prison contre l'accusé. Contre toute attente et après des reports de jugement, le tribunal de Rouiba a relaxé l'accusé le 14 février dernier en première instance. Choquée par la décision de la justice, la plaignante n'a pas baissé les bras et a décidé de faire appel du jugement prononcé par le tribunal de Rouiba. Le harcèlement sexuel dans le milieu professionnel demeure un sujet tabou en Algérie. Rares sont les femmes qui brisent le silence et portent plainte. Le réseau Wassila, dont les membres militent depuis de longues années pour les droits des femmes et luttent contre la violence faite aux femmes, ne ratent aucune occasion pour soutenir les victimes de harcèlement sexuel. Ces militantes infatigables étaient au rendez-vous, hier à Boumerdès, pour accompagner la plaignante de l'affaire de l'Anesrif. La sociologue Dalila Djerbal, membre du réseau Wassila n'a pas caché son mécontentement : «C'est encore une déception après celle du jugement prononcé en première instance. Ça ne cesse pas de nous choquer. Mais nous n'allons pas céder. La loi doit être appliquée, la justice doit sévir contre les cas du harcèlement.»