Le président du RCD, Mohcine Belabbas, est revenu hier, dans une rencontre avec des femmes de son parti, sur l'affaire opposant le ministère de la Communication au journal El Khabar et à l'homme d'affaires Issad Rebrab. «La cabale menée contre El Khabar concentre à elle seule toutes les inconséquences et les dérives du pouvoir algérien», dit-il. Le responsable du RCD rappelle que ce quotidien est «privé de la manne publicitaire de l'ANEP et les annonceurs privés sont sommés aussi de le boycotter. On a donc organisé son asphyxie pour clochardiser un peu plus l'espace médiatique et, du coup, fragiliser l'entreprise qui emploie près de 500 personnes pour l'aspirer dans la dépendance clientéliste. Ce qui revient à le menacer d'embrigadement ou de liquidation pure et simple.» Mohcine Belabbas estime que sous d'autres cieux, «ce seul aspect social aurait incité les pouvoirs publics à chercher un repreneur ou, pour le moins, une restructuration du groupe de presse». Et de critiquer : «Non seulement on assèche les ressources pour asphyxier l'entreprise, mais lorsqu'un opérateur privé vient au secours pour apporter les fonds nécessaires à une recapitalisation, le ministre de la Communication s'immisce et s'autosaisit, au mépris de la loi et sans aucun scrupule éthique, dans une opération purement commerciale pour annihiler toute possibilité de sauvetage d'une entreprise aussi importante.» Toujours sur cette affaire qu'il qualifie de «message de cynisme et de volonté de domestication adressée à tous les citoyens», M. Belabbas dénonce «les cercles maffieux violant ouvertement les lois et s'en prennent à un capitaine d'industrie, Issad Rebrab, qui refuse d'inscrire son action suivant les contingences du système.» Le président du RCD indique que «l'acharnement récurrent contre cet investisseur, opérateur performant et créateur de richesses et d'emplois est devenu un leitmotiv pour ces acteurs qui ont privatisé l'Etat au point où même des gouvernements étrangers sont sollicités pour aider le clan au pouvoir à l'isoler.» Et d'estimer que «le recours à la justice dans cette transaction d'El Khabar est en contradiction avec les principes énoncés dans la nouvelle Constitution, à savoir la liberté de la presse, le droit à l'information, la liberté de commerce et d'entreprendre, l'amélioration du climat des affaires, l'indépendance de la justice». Le responsable du RCD fustige en outre le monopole médiatique illégal qu'exerce le gouvernement avec une armée de titres, de chaînes de télévision et de radio détournés «de la vocation de service public pour invectiver les partis de l'opposition qui dénoncent les orientations et dérives antinationales du pouvoir et stigmatiser les opérateurs économiques et acteurs sociaux qui refusent l'allégeance aux cercles maffieux.» La loi n'autorise pas ce monopole de l'Etat, rappelle-t-il. «Le clan au pouvoir ne se contente plus d'assigner à ses organes de l'Etat un rôle de propagande, mais il en use pour défendre des intérêts particuliers ou pour porter atteinte à tous ceux qui n'applaudissent pas les décisions du gouvernement.» M. Belabbas note en outre qu'en termes de dépenses de l'Etat, «ce n'est pas la seule dérive dans l'assignation de fonds publics pour des intérêts étroits, des centaines de publications arrosées par l'argent public via l'ANEP ne sortent même pas des rotatives». M. Belabbas e dénonce aussi «ces notabilités du régime, des ministres encore en poste cités dans des scandales de corruption et d'évasion fiscale qui continuent de narguer l'opinion et d'humilier la justice via des médias publics et parapublics qui les suivent jusque dans leurs turpitudes ou leurs villégiatures dans les zaouïas.» Mohcine Belabbas insiste en disant que la plainte du ministère de la Communication contre El Khabar participe à ternir l'image du pays. «Ce genre de pratiques faites de viol de la loi, d'instrumentalisation de la justice et de répression des libertés démobilisent les citoyens et portent atteinte à l'image du pays, à sa crédibilité et à l'honneur de son peuple, c'est-à-dire ce qui crée un pourrissement où le sentiment de révolte peut prospérer.»