Reproduisant une carte établie par l'Agence internationale de l'énérgie atomique (AIEA ) des pays détenteurs de l'arme nucléaire ou ayant la volonté d'en acquérir la technologie, le quotidien Le Monde révèle dans son édition du 12 octobre que l'Algérie faisait partie des pays ayant renoncé à toute recherche et fabrication d'armes nucléaires, au même titre que la Libye, l'Afrique du Sud, le Kazakhstan, la Biélorussie, l'Ukraine et le Brésil. Pour rappel, l'Algérie qui détient deux réacteurs nucléaires (Nour à Draria, près d'Alger, et Essalam à Aïn Oussara, d'une capacité de 1 mégawatt pour le premier et de 15 MW pour le second) a ratifié l'ensemble des instruments internationaux relatifs aux armes de destruction massive. L'Algérie a adhéré au Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) le 21 septembre 1994 et sa ratification a eu lieu le 12 janvier 1995. Quinze mois après l'adhésion au TNP, l'Algérie a signé le 30 mars1996 un Accord de garanties généralisées (AGG) avec l'AIEA, à seule fin de vérifier l'exécution des obligations assumées aux termes du Traité de non- prolifération des armes nucléaires en vue d'empêcher que l'énergie nucléaire ne soit détournée de ses utilisations pacifiques vers des armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires. Cette carte exhaustive renseigne également sur des estimations des capacités militaires nucléaires : les Etats-Unis disposent de 10 300 têtes actives, la Russie 16 000, la France 350, l'Inde 75 à 100, le Pakistan 24 à 48 et Israël, non signataire du TNP, de 100 à 170. Auncune indication sur le nombre d'essais nucléaires qu'aurait réalisé l'Etat hébreu. Le nombre d'essais nucléaires (atomiques et thermonucléaires, aériens et souterrains) repris d'un rapport du Sénat français est éloquent : les Etats-Unis en ont réalisés 1127, l'URSS ( Russie) 969, la France 210, le Royaume-Uni 57, la Chine 45, le Pakistan et l'Inde 6 essais chacun, et le dernier en date, le 8 octobre, la Corée du Nord. Une trentaine de pays ont cherché depuis 1945 à se doter de l'arme nucléaire. Dix ont réussi à ce jour (depuis l'essai nord-coréen). L'Afrique du Sud est le seul parmi eux à avoir démantelé son programme en 1993. Le Traité de non-prolifération, entré en vigueur en 1970, visait à sanctuariser l'arme nucléaire détenue par les Etats-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France et la Chine. Entre 1974 et 1998, deux pays non signataires, l'Inde et le Pakistan, ont accédé au statut de puissance nucléaire. Israël ne reconnaît pas officiellement qu'il détient la bombe. Chercheur à l'Institut des relations internationales et stratégiques français (IRIS), Georges le Guelte confie au Monde sa crainte de l'émergence, à la faveur de la donne nord-coréenne, d'un « réseau mondialisé de dissémination » de la technologie militaire nucléaire. Le Brésil a lancé des travaux d'enrichissement. L'Egypte veut s'y mettre. Face à l'Iran, que fera la Turquie ? Les centrifugeuses vendues à la Libye venaient de Malaisie. Khan (Abdul Qadeer Khan, père de la bombe atomique pakistanaise), a reconnu publiquement en 2004, son « entière responsabilité dans un réseau de commerce international de technologies nucléaires ». A-t-il pu vendre des technologies ? Que fera ce pays ? Et son voisin birman ? Pris séparément, nombre de pays ont de « bonnes raisons » de vouloir la bombe. Or elle se fabrique au détriment de l'humanité. Si l'un le fait sans que rien n'advienne, la porte peut s'ouvrir à une dissémination galopante. Inquiétant.