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Mohamed Hossein Valeh. Ambassadeur d'Iran à Alger
« Le travail diplomatique se poursuit »
Publié dans El Watan le 15 - 02 - 2006

L'ambassadeur de la République islamique d'Iran à Alger, Mohamed Hossein Valeh, revient dans cet entretien sur les dessous du dossier nucléaire de son pays et l'hostilité de l'Administration américaine.
Face au refus de Téhéran de renoncer à son programme nucléaire, les Etats-Unis et certains pays européens brandissent la menace de recourir à des sanctions. Comment comptez-vous y faire face ?
La République islamique d'Iran a les moyens de faire face à tout ce qui peut résulter du transfert de son dossier nucléaire devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Nous sommes déterminés à ne pas céder sur notre droit à disposer de l'énergie et de la technologie nucléaire. Dès le départ, nous nous sommes préparés à toute éventualité. Nous savions que nous aurions des problèmes et notre position ne plaira pas. Cependant, il est encore tôt pour parler des conséquences économiques, parce qu'il reste encore du temps pour la poursuite des négociations. Le dossier n'a pas encore atterri sur le bureau du Conseil de sécurité, et le travail diplomatique se poursuit toujours. Bref, l'avenir n'est pas clair. Patientons donc.
En cas de recours à la force militaire, quelles sont les mesures que vous prendrez ?
Je ne pense pas que les pays occidentaux vont recourir à la force militaire, du moins pas dans le futur proche, parce que la situation actuelle ne les arrange pas. Néanmoins et en cas où cela se produirait, la République islamique d'Iran répliquera comme elle l'avait fait dans le passé, lorsque des situations de guerre lui ont été imposées.
Les Etats-Unis insistent sur la capacité de l'Iran de développer une arme nucléaire. Téhéran a-t-il réellement l'intention de posséder l'arme atomique ?
La réponse iranienne aux allégations américaines est claire : chercher à acquérir la bombe atomique ne peut que provoquer des troubles et prendre en otage le monde entier. Car cela ne fera qu'encourager d'autres nations à entrer dans une sorte de compétition périlleuse. L'Iran milite pour un monde sans les armes de destruction massive et surtout un monde sans l'arme nucléaire. Il n'est pas uniquement parmi les pays signataires de la Convention internationale portant la non-prolifération de l'arme atomique, mais elle est parmi les plus actifs au sein de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Elle appelle à l'application de cette convention et surtout à la dénucléarisation de la région du Moyen- Orient.
Que pensez-vous de la proposition consistant à produire l'uranium enrichi en Russie ?
C'est une proposition à étudier dans le projet de son Excellence, le président de la République Mahmoud Ahmadinejad. Projet qu'il a déjà exposé au monde entier. Dès le début de son mandat, il a appelé les pays développés ainsi que les entreprises privées à participer à ce projet. Mais au-delà, il faudra rappeler que l'Iran a le droit d'acquérir la technologie nucléaire pour l'utiliser à des fins civiles. L'une des parties intervenant dans la maîtrise de cette technologie est l'enrichissement industriel de l'uranium. L'Iran ne renoncera pas à ce droit. Les négociations avec la Russie se poursuivent. Il est probable que nous arrivions à un accord. Aussi, toute autre partie désirant coopérer avec le gouvernement iranien est la bienvenue, notamment les pays développés ayant ratifié la convention. En participant, ces pays ne feront qu'accomplir leur devoir, tel qu'énoncé dans les dispositions de ladite convention, les pays développés doivent impérativement assister techniquement et scientifiquement les autres pays désirant acquérir cette technologie. Mais en même temps, ces pays seront rassurés en supervisant de très près l'opération.
Comment trouvez-vous la position des pays musulmans ?
Les pays musulmans, comme aussi les autres pays du Tiers-Monde, savent que la question nucléaire ne concerne pas uniquement l'Iran. Il est vrai qu'aujourd'hui, on parle du dossier iranien. Mais sachez que le problème n'est pas uniquement celui de l'Iran. La question qu'il faut poser est de savoir si les pays en voie de développement peuvent acquérir l'énergie alternative pour l'utiliser à l'avenir ou bien vont-ils dépendre des pays développés ? La question est là. L'Administration américaine fait tout pour que l'énergie atomique demeure sous le monopole des pays qui la possèdent. Elle a même proposé un plan dans ce sens au gouvernement russe. Ce plan consiste à fournir de l'énergie atomique à tous les pays qui en ont besoin. Ce n'est pas par générosité, mais plutôt pour empêcher d'autres pays d'acquérir cette technologie par leurs propres moyens humain et matériel. Pourquoi ? La réponse est que l'énergie est devenue plus que jamais source de conflits et de luttes acharnées dans le monde.Les sources énergétiques actuelles vont tarir tôt au tard. Et le monde est condamné à exploiter l'énergie alternative dont la moins coûteuse et la plus disponible est l'énergie nucléaire. Le monopole de cette énergie sera source de dangers à l'avenir.
Mais pourquoi l'Administration américaine est-elle hostile au régime iranien ?
L'Administration américaine est hostile envers le peuple iranien depuis la réussite de la révolution islamique en1979. Cette révolution a mis fin, en effet, à la présence américaine sur le sol iranien. Cela a également mis un terme au rôle de gendarme que jouaient auparavant les Etats-Unis en Asie. Le meilleur exemple est le soutien américain au régime de Sadam Hussein, lors de la guerre destructrice entre les deux pays iranien et irakien. Aussi, l'Administration américaine a tout fait pour saboter toute forme d'association de l'Iran avec d'autres pays. Nous avons vu comment l'Administration américaine a exercé des pressions et perturbé le projet de faire passer un gazoduc de l'Iran vers l'Inde en passant par le Pakistan et a publiquement annoncé son opposition à ce projet.


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