Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, a affirmé, hier à Alger, que les imams et leurs auxiliaires sont interdits de pratiquer la roqia dans les mosquées et écoles coraniques, soulignant qu'il ne s'agit nullement «d'une profession» et qu'elle «ne sera pas homologuée». Adda Fellahi, islamologue et ancien cadre au ministère des Affaires religieuses, se dit d'accord avec une telle décision. «J'étais parmi les défendeurs pour qu'une telle décision soit prise, car il ne s'agit pas d'une prérogative des imam citée par la réglementation». Pour lui, «le ministre relèvera désormais le défi, particulièrement contre les imam salafistes qui considèrent que la roqia est un devoir». «De plus, explique encore Adda Felahi, ces imams gagnent des fortunes, il est donc difficile de les contrôler, notamment les ceux délégués à l'étranger qui sont payés en euros !». Pour Djeloul Dadjimi, secrétaire général du Syndicat des imams, la décision est un peu dure. La solution serait de régulariser cette pratique dans la mesure où la société y croit. «Le ministre est libre de ses décisions, mais il faut se rendre à l'évidence : la roqia a prouvé son efficacité dans notre société. C'est au ministère de l'Intérieur de sévir et de régulariser, puisque des dépassements ont été enregistrés dans cette pratique». Et d'ajouter : «Il est préférable que la roqia soit pratiquée par un imam connu, dans la mosquée du quartier ou une école coranique, plutôt que par un inconnu. De plus, ces imams ne délaissent pas leur profession.» Mohamed Aïssa répondait à une question du député Mohamed Eddaoui, sur le recours croissant de larges franges de la société au traitement par la roqia. Il a indiqué que son département interdisait fermement aux imams cette pratique, admettant toutefois qu'elle gagne de plus en plus de terrain au sein de la société.