La wilaya de Tizi Ouzou compte officiellement 28 crèches et garderie de la petite enfance, selon les chiffres livrés par la direction de l'action sociale (DAS). Au chef-lieu de la wilaya, il existe une dizaine d'établissements agréés par la DAS. Mais ces chiffres sont loin de refléter la réalité d'une activité fort lucrative où règnent l'illégalité et l'anarchie. Le nombre de ce genre d'établissements qui opèrent illégalement dépasse en effet la centaine, apprend-on de certaines sources. Ils sont gérés par des personnes qui ne disposent d'aucune qualification dans le domaine. Le personnel employé n'est souvent pas formé pour prendre en charge des enfants non encore scolarisés. Les endroits où sont implantes ces garderies posent aussi problème et cela ne semble guère susciter l'inquiétude des parents et l'attention des pouvoirs publics. Des appartements situés dans les sous-sols et des bâtiments qui ne disposent d'aucune issue de secours sont ainsi transformés en garderie. Certains se permettent même le luxe d'installer des enseignes à l'entrée de ces bâtisses pour attirer plus de monde. Les parents sont souvent plus intéressés par les tarifs proposés que par les conditions générales et la qualification du personnel recruté pour assurer la garde des petits enfants.Travaillant illégalement, ces dizaines d'établissements ne peuvent payer les frais d'assurance des enfants qui courent des risques de maladie ou d'accidents domestiques multiples. Pourtant, l'ouverture d'une crèche est soumise à une réglementation des plus rigoureuses où plusieurs administrations sont associées pour une garde sûre des enfants. L'on peut citer, entre autres, dans l'arrêté ministériel datant de l'année 2000, certaines dispositions interdisant la création d'une garderie « à proximité des voies ferrées, de la circulation des voitures et des établissements industriels bruyants, insalubres et dangereux pour la santé des enfants. L'aménagement général doit permettre l'évacuation facile et rapide des enfants en cas d'incendie, d'inondation, asphyxie, etc. ». Les crèches doivent être équipées en matériel nécessaire pour la lutte contre d'éventuels incendies et en médicaments pour les premiers soins. Le propriétaire d'une garderie ou crèche doit avoir le diplôme de médecin, psychologue, psychopédagogue, sage-femme, infirmier, enseignant, éducateur qualifié ou assistante sociale. Interrogé à ce propos, le directeur de wilaya de la DAS déclare que ses services n'ont aucun droit de regard sur les crèches et garderies qui opèrent illégalement. « C'est aux services de sécurité de faire leur travail pour fermer les établissements illicites et mettre fin à cette anarchie ». Les services de la DAS mettent à l'index les responsables de l'APC de Tizi Ouzou qu'ils accusent de laxisme. « Toutes les APC ont effectué les opérations de recensement du nombre de crèches ouvertes au niveau de chacune des 67 communes de la wilaya, à l'exception de l'APC de Tizi Ouzou qui n'a répondu à aucun courrier que nous leur avons adressé », assure un fonctionnaire de la DAS. Toutefois, l'on apprend de certaines sources au niveau de la wilaya que plus d'une trentaine de sorties de contrôle inopinées des établissements agréés, auraient été annulées faute d'existence d'un véhicule de service et de suffisamment d'agents au niveau de la DAS. Pendant ce temps-là, c'est la vie des enfants qui est mise en danger par des « commerçants » qui ne sont inquiétés par aucune autorité publique.