Du Cameroun à la France, en passant par l'Algérie, Hervé Bourges, ancien responsable de l'audiovisuel français, raconte dans un nouvel ouvrage ses rencontres avec des personnalités politiques. Sous forme d'abécédaire, on découvre dans J'ai trop peu de temps à vivre pour perdre ce peu, son 15e ouvrage, ses relations avec des ministres, des hommes et femmes de communication, des présidents ainsi que ses liens avec les hommes d'Etat algériens au début des années 60'. - Pourquoi avez-vous choisi de raconter vos rencontres avec des hommes d'Etat algériens dans votre livre ? J'ai vécu une vie multiple. L'Algérie en est une partie essentielle qui a marqué ma vie. Je suis arrivé en Algérie pour mon service militaire alors que, militant anti-colonialiste, je luttais contre la guerre. Ensuite, je suis resté aux côtés du président Ben Bella jusqu'en 1967. J'ai connu tous les responsables, j'ai été celui qui a tenté de réconcilier Aït Ahmed et Ben Bella. Mais je ne me suis pas mêlé des conflits internes, j'ai voulu rester ami avec tous ces hommes-là, malgré leurs divergences. - Quels souvenirs gardez-vous des hommes qui deviendront présidents ? A cette époque-là, j'avais une grande admiration pour Mohamed Boudiaf, qui avait l'image d'un grand révolutionnaire, d'un homme droit et honnête. J'ai aussi connu Abdelaziz Bouteflika, qui tenait de grands discours évocateurs d'un avenir apaisé. Mais cela ne s'est pas réalisé. Le président est aujourd'hui quelqu'un pour qui j'ai de l'estime. - Quel lien avez-vous conservé avec l'Algérie aujourd'hui ? Mon attachement à l'Algérie n'est pas que politique. J'ai gardé des relations avec des gens qui n'ont pas eu de responsabilités, et qui restent mes amis, comme les jeunes que j'ai rencontrés près de Sétif lors de mon service militaire. Aujourd'hui, je me bats pour la francophonie, pour la diversité en France, mais aussi pour que les relations entre la France et l'Algérie soient saines, dans le respect de l'indépendance des deux pays.