Nouvellement installé dans ses fonctions de recteur de l'université du 20 Août 1955 de Skikda, le docteur Haddad Salim aborde, dans cet entretien, les projets de formation et de recherche. La problématique de l'absence de l'influence directe du campus local sur la ville est également rappelée. Loin des chiffres administratifs qui limitent ce lieu du savoir à un simple canevas, où seuls comptent le nombre de projets, de places pédagogiques et de lits, le recteur tente d'évoquer l'université dans ses vocations essentielles et ses ambitions. Où en est la recherche dans notre université ? Notre université abrite tout de même pas moins de 14 laboratoires habilités de recherche. Le volet de recherche avance à grand pas, surtout dans le domaine des énergies renouvelables. Nous travaillons avec le centre de recherche des énergies renouvelables de Ghardaïa depuis 2012 sur des thèmes qui peuvent concerner Skikda comme le dimensionnement photovoltaïque. A titre d'exemple, nos étudiants ont réussi à mettre au point des conceptions et des réalisations de ce qu'on appelle les interfaces de programmation de dimensionnement des installations photovoltaïques. Ces étudiants sont en mesure aujourd'hui de travailler sur des dimensionnements photovoltaïques relatifs aux installations des immeubles. On a également réalisé des capteurs hybrides pouvant assurer la production de l'énergie électrique, de chauffer l'eau et de refroidir l'air. Skikda est une ville à énorme potentiel d'habitats collectifs, d'où le besoin de penser au concept du chauffage collectif afin de réduire la consommation de l'énergie électrique. Les travaux de nos étudiants sont en mesure de répondre à ce besoin, pourvu qu'on fasse appel à leur savoir-faire. Nous travaillons également sur la réalisation de feux tricolores alimentés par des sources renouvelables pouvant être implantés dans les artères de la ville Mais ces travaux font-ils partie d'un simple cycle d'études ou, envisage-t-on de les projeter réellement dans la ville ? Nous travaillons sur des réalisations réelles. Les étudiants bénéficient d'une formation et d'une maîtrise de qualité grâce à notre collaboration avec le centre de Ghardaïa. Pour l'université, il lui reste, il est vrai, à persévérer dans sa volonté de sensibiliser les pouvoirs locaux quant à d'éventuelles collaborations. Nous nous félicitons déjà de notre collaboration avec Sonelgaz à travers une étude d'amélioration de l'efficacité énergétique dans les immeubles. Le potentiel énorme dont nous disposons dans différentes filières, notamment celles scientifiques et technologiques, est un acquis à mettre à profit de notre cité. Je pourrais vous citer quelques projets de recherche qui prennent en considération la proximité université-ville comme les thèses de doctorat en relation avec les spécificités agroalimentaire de Skikda, ainsi que l'établissement d'une carte de la biodiversité locale. Comment expliquez-vous le manque d'influence directe sur la ville ? Je pense que c'est surtout un problème de communication. Nous en sommes conscients. Nous venons, à juste cause, de revoir le portail web de l'université pour une meilleure réactivité. Le nouveau site sera lancé dans un mois avec une reformulation totale devant permettre une meilleure présentation. Nous avons aussi mis en fonction un réseau intranet, presque unique au niveau des campus du pays. Quelles sont les nouvelles perspectives de l'université ? Notre souci majeur est la valorisation de la formation. On est en train de réaliser un centre de contrôle industriel et d'analyse pétrochimique. Tôt ou tard, la plateforme pétrochimique aura à procéder à des analyses sur ses produits dans ce centre, avec toutes les garanties nécessaires pour mener à bien son travail. On aura aussi à inaugurer, très incessamment, un nouveau plateau de calcul intensif régional qui sera mis à la disposition de nos chercheurs et des autres administrations ou entreprises publiques et privées. Nous avons aussi la chance d'avoir bénéficié d'un nouveau pôle universitaire de 8000 places pédagogiques. Ceci nous permettra surtout de penser à ouvrir de nouvelles filières. Quelles seraient-elles ? Honnêtement, on a pensé en premier lieu à la filière d'architecture. On a officiellement demandé l'ouverture. Nous concevons que cette filière est indispensable à Skikda compte-tenu de la réalité et des données urbanistiques de cette ville. On pense également à créer une école d'ingénieurs en environnement, eau et énergie. Nous envisageons même de valoriser la formation en pétrochimie par la création d'un institut pétrochimique qui aura à appuyer la filière déjà existante dans notre nomenclature. En attendant de concrétiser ces projets, nous nous attelons à numériser nos supports de formation, à impliquer nos étudiants ainsi que les entreprises de grand gabarit, comme Sonatrach et Sonelgaz pour qu'ils accompagnent, avec leur expériences, nos jeunes chercheurs. Le mot de la fin... Je pense qu'il est impossible de dissocier l'université de la ville et de ses besoins et nous nous devons de proposer de nouvelles filières qui s'inscrivent dans cette vision. L'espoir reste de mise, soit en termes de formation ou de recherches. Seulement, nous faudra-t-il encore savoir oser, savoir informer, savoir attirer. Cette université doit s'inscrire dans le même label de la ville, voire de la wilaya et c'est notre essentielle volonté.