Les travailleurs de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) de Rouiba ne semblent pas près de renoncer à leur droit de pouvoir prendre la retraite avant l'âge de 60 ans. Hier encore, la tension a monté crescendo au sein de cette importante entreprise publique qui emploie plus de 6500 travailleurs. Des dizaines d'employés des différentes filiales du groupe se sont déplacés vers le département des ressources humaines et le siège de leur syndicat pour s'enquérir de la nouvelle loi sur la retraite. Affaiblis par des années de dur labeur, nombreux sont ceux qui ont retiré les formulaires nécessaires pour déposer leurs demandes de départ à la retraite anticipée. Défi Les protestataires ont critiqué vertement le patronat et les responsables de l'UGTA qui, selon eux, «veulent nous transformer en esclaves pour maquiller leurs échecs». «On veut faire de nous des esclaves, mais nous ne nous tairons jamais. Pour le moment, nous n'avons reçu aucune information officielle sur les amendements apportés à la loi, mais ce n'est quand même pas à Haddad et Sidi Saïd de décider si je dois travailler ou non jusqu'à 60 ans», tempête Slimane, employé depuis 18 ans à la fonderie. Annoncée la veille, une réunion entre les responsables des syndicats de l'entreprise et le secrétaire général de l'union locale de l'UGTA a été organisée pour répondre aux inquiétudes des travailleurs et savoir quelles décisions prendre en cas d'approbation de la loi. «Les travailleurs sont sur le qui-vive. Ils n'accepteront jamais qu'on touche à leurs acquis», fait savoir un responsable syndical. Pour lui, tout «fonctionne à l'envers dans ce pays». «C'est l'Etat qui paye à ce jour les allocations familiales des entreprises privées et étrangères, alors qu'il ferait mieux de les reverser à la CNR qui connaît un manque à gagner de près de 400 milliards de dinars», préconise-t-il. Les participants à la réunion disent attendre des explications et des informations supplémentaires de la part de l'Etat à leur état-major sur les modalités d'application de ladite loi à même d'informer les travailleurs. Démission «On est tous fatigués. Les conditions de travail sont déplorables. Les ateliers n'ont pas été rénovés depuis 40 ans. Il y a parmi nous des quinquagénaires qui cumulent plus de 30 ans de service et on veut les obliger encore à travailler dix ans de plus pour pouvoir enfin se reposer. Alors que des milliers de jeunes sont au chômage et attendent qu'on leur cède nos places», s'indigne Khelfouni Rachid, président du comité de participation et membre du syndicat de la division du véhicule industriel. Selon lui, les travailleurs en ont gros sur le cœur, notamment après le blocage de la production et des plans d'investissement. «On nous as promis des milliards pour moderniser le groupe, mais on ne voit rien sur le terrain. Pas moins de 517 employés ont pris la retraite anticipée durant ces derniers mois à cause des risques qui pèsent sur l'avenir de l'entreprise», regrette-t-il. Un autre syndicaliste souligne que «si la loi venait à être approuvée, ils démissionneront de l'UGTA». «Pour le moment, cette organisation n'est qu'une coquille vide. Elle ne défend plus les travailleurs», dénonce-t-il. Il est à rappeler enfin que la CNR fait face à un énorme déséquilibre financier. «La CNAS devra verser à la CNR 200 milliards de dinars en 2016. Sans apporter une réponse durable au problème d'équilibre des comptes de la CNR, ces transferts mettent à rude épreuve l'équité et la solidarité intergénérationnelle qui caractérisent le système de sécurité sociale en Algérie», soutient Nordine Boudera dans une récente contribution à El Watan. Pour lui, «il ne s'agit pas de faire travailler plus les Algériens, mais de les faire travailler tous». «L'urgence aussi est de lutter contre l'emploi informel et la fraude fiscale… En 2015, le nombre de salariés est de 7,4 millions alors que le nombre des cotisants n'est que de 5,1 millions», a-t-il appuyé.