A 20h30, heure d'ouverture après la rupture du jeûne, le centre des expositions de l'Enaditex est pris d'assaut depuis le 2 octobre. A défaut de parking, les trottoirs et la chaussée font office d'aires de stationnement. Il n'y pas la moindre place pour les retardataires. A l'intérieur, les tentes se dressent dès le poste de contrôle. Les espaces sont judicieusement distribués. Il y a de tout pour attirer les visiteurs. Parmi ces derniers, la plupart sont venus dénicher les bonnes affaires, alors que d'autres ne sont là que pour flâner et prendre l'air. A l'approche de l'Aïd El Fitr, les parents sont à la recherche d'habits pour leurs enfants. Pas d'embarras de choix, puisqu'il faut opter soit pour les produits syriens ou chinois. La différence des prix est remarquable. On devine bien de quel côté penche la balance. Le grand hangar aménagé pour accueillir des manifestations de ce genre dans des conditions respectables est une ruche d'abeille. Les lieux paraissent trop exigus pour accueillir autant de monde. Depuis une année, les foires se relayent à Constantine à une cadence régulière. Les Constantinois commencent à y prendre goût. Un véritable phénomène de société. Des familles entières font le déplacement, encouragées surtout par un climat de sécurité et de sérénité. La présence des policiers a été renforcée mais elle se fait toujours discrètement. La disponibilité des moyens de transport jusqu'à une heure tardive est pour beaucoup dans la réussite de la manifestation, surtout que le centre n'est qu'à dix minutes du centre-ville. De quoi meubler les soirées du Ramadhan et créer une animation toujours absente dans la ville. Il faudra noter que cette foire, perçue comme un véritable carrefour économique, fait aussi bien l'affaire des commerçants et autres producteurs nationaux que celle des vendeurs de confiseries et souvenirs. Dans cette veine, la présence des nomades de Béchar avec leur chameau « bouki », leurs tentes et leurs narguilés sont une des particularités de l'événement. Alors que la présence des producteurs nationaux, toutes activités confondues, a été la bonne note de la foire, celle des étrangers est restée quelque peu timide. Les Iraniens et les Syriens, traditionnels participants, ont été les plus en vue. Les premiers excellent toujours dans la commercialisation des bijoux, objets de décoration en verre et céramique alors que les seconds investissent toujours le créneau du prêt-à-porter féminin. La participation des Egyptiens s'est limitée aux meubles, aux côtés de deux artisans sénégalais exposant la beauté de la nature africaine dans des statuettes en bois, restés néanmoins dans l'anonymat. Côté prix, les familles affichent une satisfaction mitigée. Certains articles ne sont pas à la portée des premiers venus. D'autres essaient de marchander, souvent sans résultat. « Les Constantinois ne sont pas de gros dépensiers, contrairement aux Algérois et aux Oranais, je ne sais s'il s'agit d'une habitude ou bien à cause du faible pouvoir d'achat », fait remarquer un commerçant oranais rompu à ce genre de manifestations. Des commerçants que nous avons contactés rappellent qu'une participation à une pareille foire leur coûte aussi des charges qu'il faut amortir. Ainsi, un stand est loué entre 20 000 et 80 000 DA par semaine. A quelques jours de sa clôture, prévue le 22 octobre, la foire du Polygone continue de drainer des foules, en attendant que la ville de Constantine se dote un jour d'un vrai palais des expositions.