La finance islamique est préconisée par certains experts comme étant la meilleure solution pour parvenir à récupérer l'argent qui circule hors circuit bancaire. Nasser Hideur et Mohamed Boudjelal, respectivement directeur général d'El Salam Bank et professeur en sciences économique expert en finances islamiques ont abordé lors d'une conférence de presse au forum du quotidien El Moudjahid « les apports potentiels de la finances islamique ». Les deux intervenants se sont accordés sur le rôle que pourrait jouer la finance islamique dans la situation de crise que connait le pays actuellement. « Le recours à la finance islamique est fortement recommandé en ces temps de crise », estime Mohamed Boudjelal. Selon lui, la finance islamique est capable de régler ne serait ce qu'une partie de cette crise, explique-t-il, soit celle portant sur la récupération de l'argent qui est hors du circuit bancaire. Et qui est estimé, rappelle-t-il, à quelques 3700 milliard DA. « Une partie de la population boude le système bancaire conventionnel basé sur les intérêts bancaires que je qualifie personnellement de compteur infernal. Cela dit, nous devons aller vers cette frange de la population », préconise-t-il. Pour caractériser la réticence qu'une frange de la population ressent vis-à-vis du système bancaire traditionnel, il précise que, 900 micro-entreprises ont baissé le rideau car leurs propriétaires désapprouvent le recours au système des intérêts suite à un prêt bancaire. Les deux banques islamiques El Baraka Bank et Al Salam Bank détiennent 15 à 17% des 13% des parts de marché que se disputent les 22 banques privées activant en Algérie. M.Hideur qui, avant de prendre les commandes d‘El Salam Bank a dirigé durant de longues années la Banque El Baraka, assure que les banques islamiques accordent une importance capitale à l'investissement et au développement de l'économie nationale. 25% du portefeuille de ces deux banques est orienté vers le financement de l'investissement productif dont l'acquisition des matières premières (matériaux de construction, aliments de bétails, produits pharmaceutiques….). Le chiffre d'affaire d'El Baraka Bank est estimé en 2015 à 150 milliards de DA contre 48 milliards de DA pour El Salam Bank durant la même année. Un système sans cadre juridique Les intervenants ont dénoncé l'absence d'un cadre juridique qui défini clairement ce modèle bancaire. M.Hideur explique que ce vide n'est pas un frein majeur du moment qu'il n'a pas empêché la naissance de ces banques, toutefois, il aurait permis de mieux présenter de nouveaux produits. Il rappelle qu'en 2010, un travail commun s'est fait avec des parlementaires afin de rédiger un texte de loi portant finance islamique. Lequel texte aurait atterrit, selon le conférencier, au niveau du gouvernement sans jamais connaitre de suite. Avec le changement à la tête du département ministériel suite au dernier remaniement ministériel, M.Hideur est encore plus septique.