Après Casablanca en avril, Alger a abrité au début du mois en cours un forum sur la finance islamique à l'initiative de la société française " Isla Invest Consulting ", managée par Zoubeir Ben Terdeyet. Les principaux acteurs de la finance islamique ont pu faire le point sur la situation de ce domaine en Algérie : état de la législation et de la réglementation, contraintes, opportunités et stratégies de développement. Le forum a aussi évoqué l'évolution de la finance islamique en Afrique et dans le monde. En cette conjoncture lourdement marquée par la crise financière mondiale, le système islamique basé sur la charia, né dans les années 70, attire à nouveau l'attention des opérateurs financiers, après que son développement s'est quelque peu confiné, ces dernières années. En Algérie, la finance islamique est représentée par Al Baraka Bank, qui s'active depuis 1991 à travers ses 22 agences. En 2007, elle a réalisé un résultat net de 20 millions $. Outre les produits spécifiques qu'elle propose, Nasseur Hideur, directeur à Al Baraka Bank Algérie indique, que, " sa banque travaille actuellement sur un projet de partenariat avec un établissement suisse (Fides) dans le cadre de la micro-finance, destiné aux très petites entreprises de la région de Ghardaïa ". Financial Systems Développement Services (Fides) offrira des financements islamiques adaptés. A l'échelle mondiale, toutes les banques islamiques pèsent quelque 700 milliards de dollars, ce qui équivaut seulement à 1% de la finance mondiale. A côté de Baraka Bank, il y a désormais Al Salam Algérie, agréée le 17 octobre dernier. Cet établissement des Emirats arabes, est doté d'un capital de 100 millions de dollars. Il fournira des services selon les règles de la loi islamique, comme il le fait déjà au Soudan et au Bahrein. A noter aussi que deux autres établissements, accompagnés par le cabinet Deloitte, sont en attente d'agrément. Il s'agit d'Abu Dhabi Islamic Bank et de Kuwait Finance House (KFH). Le nombre de banques en attente d'agrément auprès de la banque d'Algérie a enflé depuis quatre ans. Il aurait été d'une quinzaine en octobre 2008. Les demandes des banques islamiques n'ont connu aucun traitement de faveur. Pour l'instant, et après 17 ans d'activités, El Baraka Bank n'occupe que 1,8% du marché global dominé par les banques publiques et 15% du marché bancaire privé. Les activités financières basées sur la loi islamique proscrivent l'usure et la spéculation. Leur rentabilité est modeste, entre 3% et 5% maximum, indiquent les experts. Aujourd'hui, avec la crise financière mondiale, le segment du marché islamique dégage une certaine sérénité, une sécurité qui le rend plus attrayant. Les intervenants, durant le forum, ont convergé pour dire que c'est un marché mûr, qui correspond à la volonté de millions de personnes.